mardi 22 mai 2007

Etonnants voyageurs 2007

L'édition 2007 du festival international du livre et du film Etonnants Voyageurs va se tenir à Saint-Malo les 26, 27 et 28 mai. Cette manifestation dont la première édition a eu lieu en 1991 ouvre régulièrement ses portes aux littératures asiatiques et notamment à la littérature chinoise. C'est ainsi qu'en 2006, on pouvait y croiser, entre autres, l'écrivain Mo Yan, et les traducteurs Liliane et Noël Dutrait, ainsi que Jacques Dars.

Cette année, le thème retenu est « À l’heure de la littérature monde », thème qui s'appuie sur un manifeste en faveur d'une « littérature-monde en langue française », dont l'émergence « signe la fin de la “francophonie”, entendue comme l’espace où la France dispenserait ses lumières sur des masses quelque peu enténébrées, pour promouvoir un espace de liberté et d’échanges sur un pied d’égalité ». Ce manifeste, qu'on peut lire ici, a suscité bien des réactions, certaines très mitigées comme celle de Pierre Assouline qui s'achève ainsi : « Nous en dirons donc ce que François Mauriac disait de l’eau de Lourdes : s’il n’est pas certain que cela peut faire du bien, on est sûr au moins que cela ne fera pas de mal. » Ce manifeste a déjà été signé par 45 écrivains dont, l'écrivain d'origine chinoise, auteur à succès de Balzac et la petite tailleuse chinoise, Dai Sijie 戴思杰 (1954-)

Quelque 250 invités sont attendus parmi lesquels des représentants de la nouvelle générations d'auteurs de BD comme la japonaise Keiko Ichiguchi [Née à Osaka, en 1966, auteur de 1945 (Dargaud, 2005), America (Dargaud, 2007) et de Pourquoi les Japonais ont les yeux bridés (Dargaud, 2007)] et le jeune indien, Sarnath Banerjee présenté comme « le premier auteur de bande dessinée de son pays » [Calcutta (Denoël Graphic 2007), Corridor (Denoël Graphic 2006)].

L'Inde qui profite de l'engouement pour sa littérature suscité par le tout récent Salon du Livre de Paris, est également présente avec le journaliste et écrivain Suketu Mehta [Bombay, maximum city (Buchet-Chastel, 2006)], Bulbul Sharma (1952), peintre et écrivain [Mes sacrées tantes (Picquier, 2007), La Colère des aubergines (Picquier,1999)] et Abha Dawesar, dont il a été plusieurs fois question sur ce blog.

Seront également présentes Kim Tran-Nhut (1963) et sa sœur Thanh-Van Tran-Nhut (1962-) dont les œuvres individuelles ou composées à quatre mains semblent avoir trouvé leur public en France (Voir ici, ici ou ici).

Au moment où j'écris ce billet, la liste des invités ne contient pas un seul auteur en provenance de République Populaire de Chine ou de Taiwan, mais deux représentants de poids de la littérature chinoise de langue anglaise.

Tout d'abord, un autre auteur de romans policiers à succès, le Shanghaïen Qiu Xiaolong 裘小龍 qui depuis son installation à Saint Louis (Missouri) où il enseigne à la Washington University, a laissé le chinois pour écrire en anglais. Les amateurs de polars connaissent bien sont œuvre traduite chez Liana Levi [Mort d’une héroïne rouge (2001), Visa pour Shangaï (2003), Encres de Chine (2004), Le très corruptible mandarin (2006), De soie et de sang (2007)].

Preuve de sa notoriété Outre-Atlantique, le 7 avril 2007, il a été choisi par Howard W. French, pour « The Saturday Profile » du New York Times. Voici des extraits de cet article intitulé « For Creator of Inspector Chen, China Is a Tough Case to Crack » :

Shanghai is much more than his hometown. It is his muse, and it has been the one consistent subject of his fiction, the four Inspector Chen detective novels he has written so far, which have sold over 700,000 copies and have been translated into 16 languages, including Chinese. Chinese? Yes, since leaving the country at the age of 35 in 1988 on a Ford Foundation fellowship, Mr. Qiu has written in English instead of his native language. The choice, which today sometimes displeases Chinese authorities, he said, has been forced upon him by circumstances in his own country — from the bloody antidemocracy crackdown at Beijing’s Tiananmen Square in 1989, to the many restrictions on speech, especially anything construed as political speech, that have followed. He was reminded of these restrictions during his current visit home, when he wrote an article in homage of Yang Xianyi, an aging and infirm translator of Chinese classics into English. Mr. Yang became a hero to his generation of intellectuals for his decision to resign from the Communist Party over its handling of the pro-democracy demonstrations at Tiananmen Square. When Mr. Qiu approached Chinese magazines to get it published, they were unfailingly polite but unyielding. “We’re sorry,” he said editors would announce with a smile. “It’s very interesting, but for certain reasons, we’re afraid we can’t publish it.”
Plus loin, concernant son dernier titre When Red is Black, on peut lire :
YEARS later, while visiting his father’s grave, Mr. Qiu received the inspiration for what many readers consider to be his finest work, “When Red Is Black,” which like all his novels is a story about the exploits of Chief Inspector Chen of the Shanghai Police Bureau. In this novel, the detective is looking into the murder of a novelist and former member of the Red Guards. This background enables Mr. Qiu to process his deepest feelings about the fortunes of his family and of his country during the topsy-turvy years of ideological zealotry, as well as what the author considers the abandonment of virtually all values — save for the pursuit of money — that has followed. .../... CENSORS here could be called prescient too, however. They refused to allow the title “When Red Is Black” to be used in the Chinese version of the book, because of its clear ideological connotations. They also would not allow the city in question to be named Shanghai, designating it “City H” instead. If Mr. Qiu’s crime stories all have conclusions, their central character, Inspector Chen, a lover of classical poetry like the author himself, does not. Corruption is a recurrent theme, because “it is everywhere,” Mr. Qiu says. “What is the reason? Is it one-party rule? Is it something deeper in Chinese culture, because a legal culture does not have deep roots? Is it absolute power corrupting absolutely?” “The chief inspector does not have all the answers,” Mr. Qiu says. “Like all Chinese, he is just coming to terms with all that is changing around him.”
Qiu est aussi traducteur. Il a publié des traductions anglaises de poèmes chinois anciens : 100 Poems from Tang and Song Dynasties (Better Link Press, 2006, 231 p.) et Treasury of Chinese Love Poems: In Chinese and English (Hippocrene Books, 2003, 171 p.)

Autre vedette présente à Saint-Malo, l'américaine Tan Amy [Tan Anmei 譚恩美] (1952-), dont la notoriété est encore plus grande que celle de Qiu, si grande, nous dit-on, que l'écrivain a « "figuré" sous sa propre identité dans la série animée Les Simpson ».

On peut découvrir, ou mieux connaître, la vie et l'œuvre de cette fille d'émigrés chinois née aux USA, en visitant les deux sites internet suivants : 1 - il s'agit d'un site créé et entretenu par une admiratrice, Anniina Jokinen & 2 - ce qui pourrait bien être un véritable site personnel [Amy Tan y parle notamment de la maladie dont elle souffre depuis 1999 ], ou en lisant ses ouvrages traduits en français : Le club de la chance (Flammarion, 1992), La femme du dieu du feu (J’ai lu, 1997), L’attrape-fantômes (Robert Laffont, 1999), Les Fantômes de Luling (Robert Laffont, 2003) ou le tout récent Noyade interdite (Buchet-Chastel, 2007).

On peut aussi grâce à FORA.tv : The World is thinking écouter et voir Amy Tan qui parlait tout récemment (14/11/07), et pendant un peu plus d'une heure, de son dernier opus, Saving Fish From Drowning. (Il faut se rendre ici et cliquer sur le bouton "Launch Fora Player").

Le portrait fournit sur le site du festival Etonnants voyageurs nous livre, quant à lui, des informations sur ses activités actuelles :
Actuellement, Amy Tan travaille à un nouveau roman, collabore à l’écriture d’un épisode pilote pour la télévision avec le réalisateur Wayne Wang et le co-scénariste Ron Bass, et écrit avec le compositeur Stewart Wallace le livret de The Bonesetter’s Daughter (Les Fantômes de Luling), qui sera créé en septembre 2008 à l’Opéra de San Francisco. L’autre activité musicale de Amy Tan sur scène se borne au rôle de chanteuse d’appoint, meneuse de rythme dominatrice et second tambourin dans l’orchestre amateur The Rock Bottom Remainders composé d’écrivains, dont Stephen King, Dave Barry et Scott Turow. En dépit de leur talent discutable, leurs concerts annuels ont permis de réunir plus d’un million de dollars pour des programmes d’alphabétisation.
Merci d'avance à tous ceux qui auront la chance de se rendre à Saint-Malo de nous livrer des échos de leurs rencontres et de leurs trouvailles. (P.K.)

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