samedi 27 octobre 2007

3974

3974 c'est, en ce 27 octobre 2007, le nombre de livres français traduits en chinois figurant dans le Fu Lei tushu shujuku傅雷图书数据库‚ base de données des Livres français traduits en chinois, créée sous le haut patronage du Ministère Français des Affaires étrangères et de l'Ambassade de France en Chine.

Fu Lei 傅雷 (1908-1966), fut un grand intellectuel chinois. Né à Shanghai, ce fin critique d'art, et père du grand pianiste chinois né en 1934, FU Zong 傅聪, a signé la traduction de pas moins de quatorze romans de Balzac, du Prosper Mérimée, Jean-Christophe de Romain Rolland et des contes de Voltaire. (Pour une micro biographie en français, voir ici, en chinois, voir ici)

Comme l'indique la page d'accueil du site, cette base bibliographique « a pour ambition de recenser les livres traduits du français vers le chinois et publiés par des éditeurs de Chine continentale de la fin du XIXe siècle à nos jours. Ce travail de recensement a été mené pour répondre aux besoins des éditeurs, des traducteurs, des chercheurs, des libraires, des étudiants mais également du grand public. » En complément, un « pôle de traduction » a été conçu pour « mieux faire connaître la pensée, la création et la recherche françaises auprès du public chinois ». Trois objectifs principaux sont visés :
  • Former de nouvelles générations de traducteurs chinois vers le français grâce à des bourses de séjour de traducteurs chinois (…), deux sessions par an de formation à la traduction organisées par l’Ambassade de France en Chine et destinées à des traducteurs de Chine continentale, de Hong Kong et de Taiwan.
  • Augmenter le nombre de traductions du français vers le chinois grâce à une meilleure information des éditeurs dans le cadre du Plan d'aide à la publication FU Lei
  • Améliorer l'information et la communication grâce à la base de données FU Lei. (…) Elle permet aux éditeurs chinois d’avoir accès à plusieurs catalogues de nouveautés de maisons d’édition françaises en langue chinoise,… »
et au visiteur français d'explorer ce fichier selon sa curiosité ou sa fantaisie. Il y trouvera, bien entendu, beaucoup de classiques, des auteurs vivants aussi, des ouvrages de sciences humaines, d'histoire, des biographies de Français qui se sont illustrés dans la grande ou de la petite histoire, des livres pour enfants et bien d'autres choses encore, mais aussi des ouvrages de sinologie. Parmi les signataires célèbres, on rencontre tout naturellement Jacques Gernet pour trois traductions : deux ( !) traductions pour Chine et Christianisme. Action et réaction (Gallimard, 1982) : Yu Shuo 于硕 (trad.), Shenyang : Chunfeng wenyi, 1989 et Geng Sheng 耿昇 (trad.), Shanghai guji, 1991, et une des Aspects économiques du Bouddhisme dans la société chinoise du Ve au Xe siècle (EFEO, 1956) toujours par Geng Sheng qui a aussi traduit 30 autres ouvrages sinologiques dont Cinquante ans d’études chinoises en France (Faguo Dangdai Zhongguoxue 法国当代中国学, Jean-Pierre Drège (ed.), Beijing : Zhongguo shehui kexue yuan, 1998, 614 p.), mais aussi les Lettres édifiantes et curieuses de Jean-Baptiste Du Halde, du Paul Pelliot, du Rolf Alfred Stein, du Paul Demiéville, du René Grousset, etc.


Curieusement, on croise aussi une fiche pour la magistrale biographie chronologique de Dai Mingshi 戴名世 (1653-1713) que Pierre-Henri Durand 戴廷杰, chercheur au CNRS, a rédigée directement en chinois et a du reste publié à la Zhonghua shuju de Beijing : Dai Mingshi nianpu 戴名世年谱 ( 2004, 1228 pages). [voir ici]

Pourtant, P.-H. Durand a prouvé à maintes reprises qu'il maniait fort brillamment la langue française, d'abord en qualité d'auteur avec ses Lettrés et pouvoirs. Un procès littéraire dans la Chine impériale (Paris : Editions de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, « Civilisations et sociétés », 1991, 468 p.) mais et aussi comme traducteur, avec un choix de textes de Dai Mingshi paru en « Connaissance de l'Orient » (Paris : Gallimard, 1998, 310 p.) sous le titre de Recueil de la montagne du Sud [Nanshan ji 南山集]. Ce livre qui fait revivre ce grand lettré, membre de la prestigieuse Académie de la Forêt des Pinceaux, qui, au printemps de 1713, a été décapité sur la place publique, n'est, comme a raison de le signaler Jacques Dars, le directeur de la prestigieuse collection dont il constitue le n° 98, « nullement destiné au seul spécialiste ; il s'adresse aussi bien à l'historien soucieux d'élargir ses horizons qu'à l'« honnête lecteur » curieux des choses de la Chine. »

En illustration, outre les trois titres de Pierre-Henri Durand, vous trouverez deux clichés du bandeau du Fu Lei tushu shujuku qui propose une animation de couvertures d'ouvrages traduits en chinois. En haut, vous avez reconnu Marivaux, Le jeu de l'amour et du hasard (1730) qui devient, grâce à Ning Chunyan 宁春艳, Aiqing Ouyu Youxi 爱情偶遇游戏 [« LISETTE : Mon cœur est fait comme celui de tout le monde ; de quoi le vôtre s'avise-t-il de n'être fait comme celui de personne ? SILVIA : Je vous dis que, si elle osait, elle m'appellerait une originale. LISETTE : Si j'étais votre égale, nous verrions. » (Extrait de l'acte I, scène 1, pour le texte complet, voir ici)]. Ci-dessous, c'est du Milan Kundera dont huit ouvrages ont été traduits entre 2003 et 2006 avec ce Rideau (Gallimard, 2005) 帷幕 Weimu (Shanghai yiwen, 2006) par Dong Qiang 董强 (Département de français de l'Institut des Langues étrangères de l'Université de Beijing) lequel a également traduit L'Art du roman (Gallimard, 1995) : 小说的艺术 Xiaoshuo de yishu (Shanghai yiwen, 2004). Les Chinois peuvent donc lire les lignes suivantes : « C'est en écrivant L'insoutenable légèreté de l'être [1982] que, inspiré par mes personnages qui tous se retirent d'une certaine façon du monde, j'ai pensé au destin de la fameuse formule de Descartes : l'homme, « maître et possesseur de la nature ». Après avoir réussi des miracles dans les sciences et la technique, ce « maître et possesseur » se rend subitement compte qu'il ne possède rien et n'est maître ni de la nature (elle se retire, peu à peu, de la planète) ni de l'Histoire (elle lui a échappé) ni de soi-même (il est guidé par les forces irrationnelles de son âme). Mais si Dieu s'en est allé et si l'homme n'est plus maître, qui est donc maître ? La planète avance dans le vide sans aucun maître. La voilà, l'insoutenable légèreté de l'être. » (L'art du roman, « Entretien sur l'art du roman », Gallimard, 1986).


Notre Journée sur la traduction des langues et des littératures asiatiques s'est, de l'avis général, très bien déroulée. Un grand merci à tous, spectateurs ou acteurs de cette fructueuse rencontre dont vous aurez, ici-même, des échos dans les jours qui viennent. Patience. (P.K.)

vendredi 26 octobre 2007

Concours de littérature coréenne

L’Equipe de Recherche
« Littérature d’Extrême-Orient, textes et traduction »

s'associe
à l’Institut pour la Traduction de la Littérature Coréenne (Séoul),
et au Département d’Etudes Asiatiques de l'Université de Provence

pour son concours

A la découverte des grandes œuvres de la littérature coréenne

Ce concours de compte-rendu de lecture
est ouvert à tous les étudiants des Universités Aix-Marseille.
Du 5 Novembre 2007 au 4 février 2008 (nouvelle date)

Œuvre choisie :

Kalui norae 칼의 노래
de Kim Hoon 김훈 (金薰, 1948-)
Prix Dongin 2001 (Corée)


KIM Hoon, Le Chant du Sabre.
Traduit par Young-Nan Yang
avec la collaboration de François Théron,
Paris : Gallimard, « Du monde entier », 2006, 336 pages.

Pour participer :
  • vous devez vous inscrire en envoyant vos coordonnées par e-mail à jcdc@up.univ-mrs.fr. Le livre Le Chant du Sabre sera offert aux 60 premiers candidats inscrits.
  • vous devez rédiger un texte de 4 pages maximum (1500 signes par page).
  • Vous adressez ce texte par e-mail à jcdc@up.univ-mrs.fr avant le 4 février 2008.
Les textes seront examinés par les membres du Jury de l’Equipe de Recherche « Littérature d’Extrême-Orient, textes et traduction », de l’Université de Provence. Résultat du concours par e-mail le 19/02/2008. Remise des prix le 22 février 2008 à l’Université de Provence.

Six étudiants seront sélectionnés et gagneront :
  • 1er Prix : un ordinateur portable Samsung
  • 2e prix : (Deux gagnants) un iPod Apple
  • 3e prix : (Trois gagnants) un appareil photo numérique Samsung.
Le lauréat ayant remporté le 1er prix participera à la sélection mondiale qui aura lieu à Séoul.
Un voyage en Corée sera offert au gagnant de cette sélection.

Responsable du concours :
KIM Hye-Gyeong,
enseignante de coréen à l’Université de Provence.
UFR ERLAOS - Université de Provence
29 av. R. Schuman - 13621 Aix-en-Provence cedex 1

jeudi 25 octobre 2007

Miscellanées (005)


Journée sur la traduction à l'Université de Provence

Je vous rappelle que c'est demain, 26 octobre 2007, que va se tenir la Journée sur la traduction des langues et des littératures asiatiques, journée organisée par notre équipe et qui se déroulera à partir de 9 heures dans la Salle des Professeurs (2e étage) de l’Université de Provence, Centre d’Aix-en-Provence. Vous êtes, bien entendu, les bienvenus.
Pour le programme, voir ici (site de l'équipe) ou (blog de l'équipe)


2007 Man Asian Literary Prize, suite

Le suspens continue, mais nous sommes un peu mieux fixés sur les chances pour un auteur de langue chinoise de décrocher ce prix. En effet, la 'shortlist' de cinq candidats vient d'être divulguée sur le blog du 2007 Man Asian Literary Prize.


Cette liste, qui comprend 3 femmes et 2 hommes, est la suivante :
  • Jose Dalisay Jr. (1954-) pour Soledad’s Sister (Philippines)
  • Reeti Gadekar, pour Families at Home (Inde)
  • Nu Nu Yi Inwa (1957-), pour Smile As They Bow (Birmanie)
  • Jiang Rong (1946-), pour Wolf Totem (RPC)
  • Xu Xi, pour Habit of a Foreign Sky (Hong Kong)
Exit donc Guo Xiaolu, Egoyan Zheng, et également Mo Yan - qui se consolera avec le Nobel l'année prochaine, ou la suivante -, et poursuite du suspens jusqu'au 10 novembre pour connaître le lauréat de se prix qui pourrait couronner un auteur chinois en la personne de Jiang Rong.

Le blog du MALP publie également un appel à contribution pour le n° 6 de l'Asia Literary Review. ALR (je cite) « is an exciting new literary review launched from Hong Kong. The Review hopes to provide you with short stories, essays, poetry and columns from Asia’s most established writers while giving Asia’s new talent a space to exhibit their literary ideas.»

Le n° 5 vient de paraître [voir illustration ci-dessous], son sommaire est consultable sur le site de la revue, comme ceux des quatre précédents numéros. L'ALR, n'est actuellement disponible qu'à Hong Kong, alors si vous passez par là....



Blog bloqué

L'excellent blog Danwei.org , qui a fêté son quatrième anniversaire le 24/10/07, continue de nous tenir régulièrement au courant de la politique suivie en matière de liberté d'expression des Chinois sur internet et nous avertit des campagnes visant à réguler cet espace. Récemment, ce sont 18401 sites jugés pornographiques ou illégaux qui ont été fermés, ce qu'indique également Lydia Chen dans un article paru dans le ShanghaiDaily.com, « China disconnects 18,400 illegal Websites » :
CHINA blocked access to 18,401 illegal Websites during a nationwide campaign against online pornography that started in April, an industry newspaper reported today. A total of 9,593 unregistered Websites were shut down while 8,808 Websites were closed for disseminating pornographic, illicit or fraudulent pictures and information on the Internet, said Miao Wei, deputy general manager of China Telecom, the country's biggest telecommunication carrier, which was involved in the campaign..../... On August 30, the Ministry of Information Industry also ordered main search engines, including Baidu, Google, Yahoo, Zhongsou, Sina and Sogou, to remove "illegal and unhealthy information" from their search results.
Danwei évoque aussi les difficultés rencontrées par les Chinois pour tenir un blog (voir ici). YouTube a aussi été visé (voir ici, ici). Sur son blog, Marc van der Chijs fournit une explication :
I suspect the real reason might be that YouTube just launched a Chinese version, which would make the site much more accessible for Chinese users. Not a very smart idea to do that in the middle of the National Congress, and I am surprised nobody at mother company Google's China offices rang an alarm bell about this before the launch. A typical example of the mistakes foreign companies make while trying to do business in China.
Plus grave pour nous, Blogspot, site qui héberge notre blog, fait aussi les frais de la même politique restrictive. On lira à ce propos le billet de Jeremy Goldkorn publié, par Danwei, le 23 octobre 2007 dans la rubrique Net Nanny Follies sous le titre « Party Congress ends, Blogspot blocked again » :
Popular Google-owned blog host Blogspot was suddenly accessible in China on October 15 or 16 this year, after a period of being blocked. The 17th Party Congress started on October 15. The 17th Party Congress ended yesterday. Today, Blogspot is once again not accessible in China. Has someone at China's Net Nanny headquarters figured out that a lot of foreign journalists like to blog and get annoyed when they visit China and cannot access Blogspot? And that therefore things would be most harmonious if Blogspot worked when there are big events in China that attract the international media? [Sur le même sujet voir aussi ici].
Rien ne permet de vérifier la validité de l'expertise, mais d'après Greatfirewallofchina.org consulté ce jour, notre blog est effectivement bloqué par la Chine. [voir notre illustration ci-dessous]

Il n'empêche que certains internautes chinois et/ou non chinois mais basés en Chine, ont pu nous consulter ces derniers temps : depuis Shanghai, le 22/10 et ceci pendant 15 minutes & 15 secondes ; depuis Beijing, le 13 septembre, de nouveau le 1 octobre et aussi le 30 septembre depuis la province de Guizhou. Affaire à suivre, donc.

Grâce à vous, où que vous soyez, notre compteur vient de dépasser les 8000 visites : vous êtes entre 35 et 60 à venir quotidiennement, principalement de France, mais aussi d'un peu partout dans le monde, et même d'Iran ! Je souhaite, pour ma part, que chacun trouve ici son compte et un moyen agréable de mieux connaître les littératures asiatiques, et devienne, ainsi, plus familier du travail, parfois ingrat de ceux, qui leur consacrent toute leur énergie.



My Tailor is Chinese

Alors que Blogspot est bloqué en RPC, l'AFP nous apprend que « L'anglais risque d'être détrôné sur la Toile » (Le Monde, 13/10/07) et que
« Les langues asiatiques sont en passe d'être plus utilisées que l'anglais sur Internet. Selon le site Internetworldstats.com, sur les 1,2 milliard de personnes qui utilisent Internet dans le monde, 31 % ont l'anglais comme première langue. Mais le chinois augmente sans cesse : 15,7 % des internautes sont sinophones, nombre qui a quintuplé en sept ans. L'Asie compte le plus grand nombre d'internautes (437 millions) avec un taux de pénétration de seulement 12 % de la population. Les 322 millions d'internautes européens et les 233 millions de Nord-Américains représentent respectivement des taux de pénétration de 40 % et 70 %. Par ailleurs, l'Internet Corporation for Assigned Names et Numbers (Icann), qui gère les adresses Internet mondiales, a annoncé, lundi 8 octobre, que les noms des sites Internet pourront désormais être rédigés dans onze alphabets non occidentaux. Ces adresses pourront être testées sur le site de l'Icann pour vérifier qu'elles fonctionnent. Sept ans auront été nécessaires à cet organisme pour appliquer sa propre décision de rendre les noms de domaines internationaux. »
D'autre part, on apprend que la Chine comptait plus de 172 millions d’utilisateurs d’internet en septembre 2007. Pour plus de détail, on pourra consulter les données du China Internet Network Information Center 中国互联网络信息中心 (ici en anglais ou en chinois).

Il ne faut pas être grand devin pour imaginer que cette inflation ne manquera pas d'avoir une influence sur la création littéraire chinoise. Du reste, ce phénomène est en gestation comme le note déjà Danwei (ici). J'ai déjà eu l'occasion de signaler que nous sommes attentifs à la part que va prendre l'internet dans le monde des lettres chinoises et dans l'espace créatif des auteurs chinois. Nombre d'entre eux possèdent et entretiennent régulièrement des blogs ; ceux-ci diffusent souvent des parties non négligeables de leur création, et les billets qu'ils livrent sont souvent riches en informations sur la genèse de leurs œuvres. On ne peut donc pas passer à côté de ce phénomène, alors préparez-vous à être sollicité pour collaborer à la mise en place d'un observatoire de la création littéraire chinoise sur internet, observatoire qui aura sa fenêtre sur le site de l'équipe. A vos souris. (P.K.)