vendredi 6 juin 2008

Derniers paragraphes (004)

En attendant de lire ici-même un compte-rendu détaillé sur le « Gao Xingjian Arts Festival » qui vient de se dérouler à Hong Kong et une synthèse sur le colloque international « Gao Xingjian : A Writer For His Culture, A Writer Against His Culture » qui en fut un des moments forts, pourquoi ne pas jeter un coup d’œil aux deux pages que la Newsletter de l’International Institute for Asian Studies (IIAS) consacre au prix Nobel de littérature 2000.

On doit ces deux pages (téléchargeables à partir d’ici) à Bob van der Linden qui a intitulé ce court portait « Individuality, literature and censorship: Gao xingjiang and China », composé de trois parties, « A meditation on the human spirit », « The fate of the writer in exile », et « Lost in translation? » qui a lui seul appelle sans doute des commentaires :
« Towards the end of Soul Mountain, Gao Xingjian writes:

« This is not a novel! »
« A novel must have a complete story. »
He says he has told many stories, some with endings and others without.
« They’re all fragments without any consequence, the author doesn’t know how to organize connected episodes. »
[...]
« No matter how you tell a story, there must be a protagonist. In a long work of fiction there must be several important characters, but this work of yours...? »
« But surely the I, you, she and he in the book are characters? » he asks.
« These are just different pronouns to change the point of view of the narrative. This can’t replace the portrayal of characters. These pronouns of yours, even if they are characters, don’t have clear images they’re hardly described at all. »
He says he isn’t painting portraits.»
(London: Harper Perennial, 2001, p. 452-3).

Because of his use of pronouns as characters, numerous details from Chinese history and culture, philosophical ‘excursions’ etc., Gao’s novels (and especially Soul Mountain) are not easy to read. One also wonders how much got lost in the no doubt excellent translations by Mabel Lee and to what extent these novels should be read in Chinese to be fully appreciated. Be that as it may, in English one can already sense the uniqueness of Gao’s autobiographical fiction. Hopefully his novels will soon be available in China, for any world civilisation should at least allow a niche for a creative individual in search of new developments in language.»
Le dernier numéro - 47 - de cette Newsletter indispensable à qui veut rester au courant des activités de la recherche sur l’Asie a pour thème « New Religious Movements ».

Le précédent - n° 46 - avait pour titre « The Politics of Dress » et portait en couverture une très amusante photo représentant les chefs d’Etats de l’APEC lors de leur réunion annuelle en novembre 2005 en Corée [Voir illustration ci-dessus], mais aussi un intéressant article de Louise Edwards : « Dressing for power Scholars’ robes, school uniforms and military attire in China » qui s’achève par un paragraphe baptisé « Militarised politicians » :
« The importance of education to political dress was balanced by rising sartorial militarism. Early in the Republican period China’s male political leaders often appeared in full European military regalia. The population was presented with images of alien remoteness in their leaders and these excessively decorated military clothes soon became associated with corrupt, selfaggrandisement. By the mid-1930s this ceased featuring in political leaders’ clothing despite the merging of political and military roles. Instead, leaders such as Sun Yat-sen, Chiang Kai-shek and Mao Zedong emerged in simpler forms of military attire invoking their increasing proximity to the ‘people’. The Sun Yat-sen suit (aka Mao suit) eventually became the communist uniform for both men and women. But, at the leadership level, the premier legitimacy of the scholar as leader remained even through to the Cultural Revolution. A widely circulated image of Mao from 1968, ‘Chairman Mao goes to Anyuan’, depicts a youthful Mao in a scholar’s robe. At crucial junctures the balance between the Mao-suited ‘soldier’ and the virtuous ‘scholar’ reappears to reassure people of the leadership’s wisdom, strength and constancy. The famous posters of Mao handing power to Hua Guofeng that carry the caption “With you in charge, I am at ease” depict the two men in Mao suits, surrounded by books, pens and sheafs of paper. The scholar performed political work well past the demise of the Imperial examination system. » (p. 7).
Le président Mao allant à Anyuan 毛主席去安源 (1968)
de Liu Chunhua 刘春华 (1944-)

Il se trouve qu’au moment de la sortie de ce numéro très richement illustré m’était tombé dans les mains le « Que sais-je ? », le n° 1675, dans lequel Michel Jan décrivait La vie chinoise (PUF). J’avais donc consulté le passage où il est question de l’habillement (p. 61-62). Je ne résiste pas au plaisir de vous le livrer tel quel :
« Les Chinois ont toujours eu une conception pratique du vêtement. Pour l'immense majorité ce ne fut jamais un moyen particulier de distinction. Les fantaisies et le luxe étaient réservés à une minorité de riches propriétaires et à la cour impériale. L'uniformité vestimentaire est encore actuellement une règle générale. Le vêtement pouvant différencier, dans une même société, des classes sociales, la fantaisie et la mode sont des phénomènes inhabituels, désapprouvés par le plus grand nombre. S'affubler de vêtements originaux ou étrangers est la preuve d'un manque de maturité. La rigueur ou la liberté relative des coupes ou des couleurs dépendent de l'humeur politique générale. La correction de la tenue est courante même chez les plus défavorisés, par contre l'élégance est rare. Elle émane alors d'une silhouette ou s'exprime dans une attitude, elle n'est pas le résultat d'une recherche ou d'une composition vestimentaire. Le vêtement est taillé ample et n'épouse pas les formes du corps. Dans la rue, la foule apparaît uniforme. Hommes et femmes portent invariablement une veste et un pantalon, d'une coupe unique et fonctionnelle, de couleur bleue ou grise. La casquette légère en coton (jiefang mao) coiffe la majorité de la population masculine. A l'intérieur des habitations les jeunes revêtent des chandails tandis que les femmes se permettent de porter des vestes traditionnelles aux couleurs vives. L'été, les citadins échangent volontiers le pantalon et la veste stricte pour une robe de couleur. C'est à Shanghai qu'on note les plus grandes audaces : robes à fleurs, voyantes, chemisiers multicolores. Ces originalités se remarquent d'autant plus qu'elles sont des exceptions dans certaines villes et à plus forte raison dans les campagnes. »
Il est sans doute heureux que cette contribution soit définitivement sortie des rayonnages des librairies. Mais il en reste suffisamment dans les bibliothèques et chez les bouquinistes pour induire les naïfs en erreur. Gare à ceux qui, comme certains étudiants pressés, n’ayant pas pris la peine de consulter sa date de rédaction - 1976 et 1980, date d’une ultime (?) révision -, se baseraient sur ce tableau complaisant pour envisager la Chine de ce début du XXIe s. Les autres pourraient s'amuser au jeu des différences et des permanences, et se poser la question : que reste-t-il de la Chine d'il y a trente ans ?

Mais sur un sujet aussi important, il convient de clore en se tournant vers les écrits d’un spécialiste, savoir Li Yu 李漁 (1611-1680) dont on peut lire grâce à Jacques Dars quelques unes des plaisantes considérations qui figurent dans l’essai « Zhi fu » 治服, « Se vêtir » (Xianqing ouji 閒情偶寄, juan 3) :
« Art difficile, qui demande un long apprentissage ! Comme dit l'antique adage : « Trois générations pour que les aînés sachent s'habiller, cinq pour qu'ils sachent manger » [三世長者知被服, 五世長者知飲食], ce qui rejoint un dicton moins ancien affirmant qu'il faut trois générations de fonctionnaires pour se vêtir et manger [décemment] [三代為宦, 著衣喫飯]. Les pauvres et indigents, honteux de leurs guenilles, répètent qu'ils n'ont pas d'argent pour s'habiller et déclarent que s'ils faisaient fortune, les hommes caracoleraient vêtus de pelisse, et les femmes arboreraient de magnifiques atours ... C'est ignorer que le vêtement adhère au corps, qu'un singe habillé fait pouffer tout le monde de rire, et que l'habit manifeste, chez les riches, la richesse, chez les pauvres, la pauvreté : le riche le met pour montrer sa richesse, le pauvre met le sien pour montrer sa pauvreté ... » (Les carnets secrets de Li Yu. Arles : Picquier, 2003, p. 46 ; pour visualiser le texte chinois, cliquer ici ou sur l'illustration ci-contre).
Ces remarques n’épuisent naturellement pas le sujet. Du reste, J. Dars n’a pas entièrement traduit cet essai qui réserve quelques surprises comme une piquante discussion d’un passage de La Grande Etude (Daxue 大學), commentaire très personnel que Li Yu avait déjà utilisé dans l’introduction du onzième de ses Shi’er lou 十二樓 (Douze pavillons, 1658) vers lesquels je vais à nouveau me pencher dans les mois qui viennent. (P.K.)

mercredi 4 juin 2008

Aucun livre n’est inutile ...

... ou deux ou trois mots sur le projet de création d’un groupe de recherche sur les traductions françaises de littérature chinoise.


C’est en rédigeant certains des billets consacrés à la littérature chinoise ancienne publiés pour ce blog que je me suis aperçu qu’il manquait un outil performant capable, à chaque fois que s’en faisait sentir la nécessité, de fournir rapidement et avec précision, l’information complète ou pertinente sur l’existence de traductions françaises de ces textes.

Les inventaires que je consulte pour combler mes lacunes sont tous soit trop anciens [Martha Davidson, 1957], soit très incomplets pour le français [Wang Lina, 1988]. La recherche s’en trouve donc terriblement alourdie et laisse un arrière goût de travail bâclé -- surtout quand les traducteurs dont je signale les travaux n’ont pas jugé bon de mener l’enquête en amont ou de rendre compte de leurs résultats dans une préface ou dans des notes, voire pire, quand ils le font mais de manière très imprécise ou simplement allusive.

Dans le même temps, j’ai pris connaissance du travail que conduisait de son côté Xavier Legrand-Ferronnière sur la littérature fantastique et découvert avec ravissement la base de données bibliographique qu’il a créée sur le versant virtuel de l’excellente revue qu’il dirige et qui a pour nom Le Visage Vert (Zulma). Dans cette base en construction qui frappe déjà par sa richesse et la rigueur qui entoure son établissement, plusieurs entrées ont retenu mon attention : Gan Bao 干寶 (vers 280 - 350 ?), Pu Songling 蒲松齡 (1640-1715) et Luxun 魯迅 (1881-1936), tous trois mis à l’honneur par Roger Caillois (1913-1978) dans les anthologies qu’il publia entre 1958 et 1966.

Constatant qu’on pouvait être plus complet, j’ai proposé mon aide à Xavier Legrand-Ferronnière qui m’a fait l’amitié de l’accepter et a glissé dans la notice dédiée à Pu Songling un lien vers le billet consacré à cet auteur traduit naguère par Tcheng-Ki-Tong alias Chen Jitong 陳季同 (1851-1907) [voir l'illustration ci-dessus] et plus récemment par André Lévy (Chroniques de l’étrange, Picquier, 2005).

Mais, il y a, comme souvent, loin de l’intention à la réalisation. En effet, compléter ces notices signifie balayer plus de deux siècles de tentatives parfois hasardeuses, parfois brillantes, le plus souvent partielles. Qui plus est, celles-ci ont été livrées sans plan d’ensemble et sans volonté de représentativité, soit en éditions séparées, chez toutes sortes d’éditeurs, soit dans des revues ou des anthologies parfois généralistes et thématiques. Le public visé par ces publications étant forcément assez réduit, elles ont souvent été éditées de manière confidentielle et rarement réimprimées.


Un exemple [sur lequel je reviendrai plus en détail dans un prochain billet] permettra mieux qu’un long discours de se rendre compte du travail à mener et devrait prouver que si comme l’affirme avec justesse Ji Yun 紀昀 (1724-1805), « aucun livre n’est inutile », chacun a aussi son histoire qui mérite d’être contée : l’ouvrage dont la couverture et la page de garde figurent en illustration à ce billet [voir ci-dessus et ci-dessous] fut publié à Paris aux Editions de l’Abeille d’Or vers 1926 sous le titre Le lama rouge et autres contes. Il propose la traduction d’une soixantaine de récits de Ki-Yun, c’est-à-dire notre Ji Yun, et n’a été tiré qu’à 1000 exemplaires. Mais, le savoir n’épuise pas le sujet : on ne peut naturellement pas se contenter d’ajouter qu’il est le fruit de la collaboration de M. Tcheng-Loh [Chen Lu] 陳籙, « Ministre Plénipotentiaire de Chine à Paris », né en 1877 et de Mme Lucie Paul-Margueritte (née en 1886), fille de Paul Margueritte (1860-1918), membre de l’Académie Goncourt entre 1900 et 1918. Il faut encore prendre la peine de définir précisément parmi les 1196 contes du Yuewei caotang biji 閱微草堂筆記, ceux qui ont été retenus, puis évaluer, par la confrontation avec le texte chinois, les qualités ou les défauts de cette traduction. Ce travail n’est pas sans présenter de redoutables difficultés car les traducteurs ont pris des libertés assez notables avec le texte d’origine.

Ceci fait, ou parallèlement, on pourra se pencher sur les traductions plus récentes que Jacques Pimpaneau [Notes de la chaumière des observations subtiles. Paris : Kwok-on, 1995 : 125 récits] et Jacques Dars [Passe-temps d’un été à Luanyang. Paris : Gallimard, « Connaissance de l’Orient », 1998 : 297 récits] ont réalisées à partir de la même source et l’on continuera de chercher les éventuelles traductions françaises des récits de Ji Yun qui auraient pu paraître dans des revues ou des anthologies anciennes ou récentes, sans négliger celles produites en Chine même. On n’oubliera pas non plus les extraits qui pourraient figurer dans les travaux universitaires.

Les informations recueillies au cours des différentes étapes de cet examen seront mises en forme pour pouvoir être interrogées et confrontées à d’autres données similaires concernant d’autres ouvrages, en fonction de l’époque, des traducteurs, des maisons d’éditions, du genre, de la nature du travail, etc. Elles viendront également alimenter les chapitres d’une histoire de la traduction de la littérature chinoise en langue française qui pourra être accompagnée d’intéressants appendices dont un annuaire des traducteurs.

Si la littérature fantastique - le terme « fantastique » est pris ici dans son acception la moins restrictive possible -, mérite une attention particulière, elle ne peut, ni ne doit borner notre horizon. Il convient, dès le début, d’élargir la recherche à tous les auteurs et à toutes les œuvres ayant retenu l’attention des sinisants et des curieux de la Chine et de sa littérature, depuis les premiers rendus réalisés par les missionnaires Jésuites au XVIIIe siècle, ce qui, vous en conviendrez facilement, représente une tache immense.

Pour relever ce défi, il m’est donc apparu qu’un travail d’ensemble, reposant sur une collaboration large, s’imposait. J’ai donc proposé à notre équipe d’inscrire ce projet au programme de ses activités. Les membres présents à la réunion du 13 mai 2008 ont approuvé cette proposition, ce dont je les remercie.

Toutes les bonnes volontés et toutes les compétences seront les bienvenue. Elles y trouveront leur compte, car, au-delà d’un simple outil pratique répondant à des interrogations ponctuelles, l’inventaire des traductions françaises de littérature chinoise que je souhaite voir naître et croître sera en mesure de contribuer à répondre à des questionnements plus substantiels. Les données recueillies que nous allons mettre à la disposition des chercheurs sous la forme d’une base de données numérique consultable en ligne contribueront, je n’en doute pas, à faire progresser les connaissances sur toutes sortes de sujets connexes.


Cette entreprise ne peut, en effet, se limiter à établir un simple catalogue de publications. Outre qu'elle s’attachera à faire la clarté sur les traductions, leurs qualités respectives et à fournir un panorama de l’œuvre accomplie dans ce domaine, elle sera conçue pour aider l’historien de la sinologie à affiner sa perception sur la manière dont on a découvert et considéré la littérature chinoise dans notre pays ; l’historien de la traduction pourra, quant à lui, s’en emparer pour déceler les tendances propres à chaque époque, ses imperceptibles évolutions, sans compter que chemin faisant nous isoleront les textes où s’expriment les techniques et des théories développées par les acteurs de cette aventure intellectuelle, textes qu’on présentera sous la forme d’une anthologie raisonnée ; le comparatiste pourra, de son côté, y trouver grain à moudre, pour déceler l’influence que certaines traductions ont pu avoir sur la création littéraire française. Les traducteurs et les éditeurs, eux-mêmes, gagneront de précieuses heures, en prenant la mesure du travail déjà accompli afin de mieux orienter leurs choix à venir, etc. In fine, chacun pourra exploiter selon ses propres préoccupations ce matériau qui, bien qu’il soit très différent reconnaît un lien de parenté avec l’Inventaire analytique et critique du conte chinois en langue vulgaire initié par André Lévy en 1975 [déjà cinq volumes publiés depuis 1978 aux Editions du Collège de France et de l’Institut des Hautes Etudes chinoises]. Cette monumental travail, d’abord personnel avant de devenir collectif, nous sera, du reste, d’un grand secours pour le genre court -- je rappelle que la septième des sept rubriques critiques attachées à chaque récit prend en compte les traductions [voir sur ce blog le compte-rendu de Solange Cruveillé sur le dernier volume paru en 2006]. Souhaitons seulement que notre projet ne connaisse pas les mêmes enlisements qui rendent de plus en plus hypothétique la publication d’un sixième tome et de l’index général. Un autre danger qui le menace serait de vouloir embrasser d’un seul mouvement l’ensemble du champ littéraire chinois.

Ce projet de création d’un Inventaire analytique des traductions françaises de littérature chinoise ne peut évidemment risquer de se trouver paralysé par l’immensité du champ à prendre en compte. Il convient, pour éviter d’être noyé avant d’avoir appris à nager, que notre groupe s’aguerrisse en concentrant dans un premier temps ses efforts dans une seule direction avant d’élargir progressivement ses prétentions. Mon choix s’est tout naturellement porté vers ce qu’André Lévy appelle fort justement la « littérature de divertissement » de la Chine ancienne [La littérature chinoise ancienne et classique. Paris : PUF, « Que sais-je ? », n° 296, p. 83]. Le premier volet de ce projet sera donc consacré au roman, xiaoshuo 小說 (en langue classique et en langue vulgaire), et au théâtre littéraire (xiqu 戲曲) de la Chine impériale.

Une fois que ce champ aura été bien balisé et que nos armes seront rodées et notre modus operandi définitivement fixé, nous pourrons alors prendre en compte les autres domaines de la littérature chinoise, et pourquoi pas, maintenant que notre équipe, récemment rebaptisée « Littératures d’Extrême-Orient, textes et traduction », s’est élargie, entreprendre le même travail de mémoire et d’analyse sur les traductions françaises de littérature du Japon, d’Inde, du Vietnam, de Corée et de Thaïlande : on imagine facilement tout le profit à tirer de cette mise en confrontation des données recueillies.

Mon intention en vous exposant brièvement ce projet est, vous l’avez compris, de lui assurer la plus grande publicité pour susciter des vocations auprès de ceux qui seraient les plus susceptibles d’y prendre part, mais aussi de recueillir des soutiens au-delà de nos rangs.

Je sais déjà pouvoir compter sur les conseils de spécialistes comme Li Jinjia 李金佳 qui a soutenu une thèse sur les traductions du Liaozhai zhiyi 聊齋誌異, mais aussi et surtout sur l’aide précieuse de Jean-Luc Bidaux qui depuis la Bibliothèque Universitaire où il officie, saura faciliter l’accès aux ouvrages à examiner, soit en rendant possible la consultation de ceux qui sont conservés dans d’autres bibliothèques, soit en acquérant les ouvrages indispensables pour la conduite de ce projet, savoir les traductions existantes encore disponibles, mais aussi les éditions chinoises des textes traduits.

Mon souhait est d’aboutir à la constitution d’un fonds qui donnerait corps à l’aspect « patrimonial » du projet, par la mise à disposition des étudiants et des chercheurs, d’une collection la plus complète possible des traductions françaises de littérature chinoise dans un espace bien identifiable de la Bibliothèque Universitaire de l’Université de Provence, selon le modèle retenu pour l’Espace de documentation et de recherche Gao Xingjian inauguré récemment.

Dans cette perspective, tous les dons et envois de traductions anciennes et modernes seront acceptés avec enthousiasme, qu’ils émanent de particuliers collectionneurs ou directement des maisons d’édition se manifestant dans ce domaine.

Mais chaque chose en son temps. Comptez sur moi pour vous tenir au courant de l’avancée de nos travaux qui devraient s’intensifier à la rentrée universitaire 2008/2009, car je compte associer à cette entreprise au long cours, les étudiants du Master Monde chinois qui suivront mes cours de méthodologie et sur le roman chinois ancien : quel meilleur moyen de se faire une idée des contraintes et des joies de la recherche que de prendre part à une œuvre collective de ce type ?

Vous risquez également d’entendre parler, ici, des trouvailles que l’on ne manquera pas de faire et d’avoir des échos des plaisirs qu’elles procurent et des informations qu’elles livrent. « Aucun livre n’est inutile » et surtout pas les traductions des œuvres chinoises qui peuvent nous apprendre beaucoup sur la Chine, mais autant sur nous et la façon dont nous la considérons. (P.K.)