mardi 18 août 2009

Pour quelques degrés de moins

Peut-être n'avez-vous pas remarqué que le billet offrant aux amateurs de littérature chinoise en surchauffe une voie de salut avait reçu un commentaire signé Alain Rousseau, et que ce commentaire amical fournissait le moyen d’aller lire des récits de Yuan Mei 袁枚 (1716-1798) mis gracieusement en ligne par lui-même sur Scribd.com.

Au programme de cette publication généreuse et sympathique, cinq anecdotes tirées du Zi bu yu 子不語, avec dans l’ordre « La bande du Dragon Noir » [« Qinglongdang » 青龍黨, ZBY, j. 4: 18] - un récit dans lequel Yuan Mei se montre inflexible vis-à-vis d’un brigand pourtant revenu à résipiscence, « Pas de retour pour le lettré Wu » [« Wusheng bu gui » 吳生不歸, ZBY, j. 7 : 13 ] tout à la fois fable drolatique et invitation au libertinage, « Yao, le génie de l’épée » [« Yao jianxian » 姚劍仙, ZBY, j. 8 : 25], facétie mettant en scène un maître magicien, « Une bonbonne d’huile pour faire frire un fantôme » [« Youping peng gui » 油瓶烹鬼, ZBY, j. 15 : 12] qui prouve l’inflammabilité des guǐ 鬼 et « Le Miroir précieux de la médecine orientale contient une méthode pour venir à bout des renardes » [« Dongyi baojian you fa zhi hu » 東醫寶鑒有法治狐, ZBY, j. 19 : 33], une « vulpinade » qui fait intervenir une curiosité littéraire.

Bref, tout ceci est très plaisant et fort bien rendu -- on en redemande ! Des cinq, c’est, bien évidemment, la seconde histoire que je préfère. Elle est du même tonneau que « Minuscule outil du plaisir » [« Fengliu ju » 風流具, ZBY, j. 23 : 23,in Le Visage vert, 16 (Zulma, pp. 68-70)]. J’ai aussi été sensible à l’évocation du Dongyi baojian 東醫寶鑒 sensé proposer un remède propre à réduire à quia les démons renards. Une note nous apprend qu’il s’agit en fait du Tongui pogam une « encyclopédie médicale rédigée au début du XVIIe siècle par le célèbre médecin coréen Ho Chun (en chinois : Xu Jun) ». On peut trouver sur internet des renseignements complémentaires sur ce Dongui Bogam 동의보감, achevé en 1610 après quatre ans de labeur et édité pour la première fois en 1613 - voire même des clichés d’éditions anciennes (ici et ), et ceci en chinois, en coréen, en japonais et aussi en anglais. Son auteur Heo Jun 허준 / 許浚 (1546-1615) fait aussi l’objet de notices sur la même encyclopédie ouverte : en anglais, en chinois, en coréen et en japonais. Il fut aussi, voici dix ans, la vedette d’une série TV en 64 épisodes (voir ici, et encore ).

La référence à cette œuvre marquante de la médecine coréenne et extrême-orientale dans Zi bu yu n’est signalée nulle part. Remercions Alain Rousseau de nous l’avoir mise sous les yeux et souhaitons qu’il continue à nous procurer de belles surprises de cet ordre. (P.K.)

1 commentaire:

Alain Rousseau a dit…

Merci mille fois pour ce billet fort sympathique, ma foi, que je découvre en rentrant de quelques jours de vacances passées sans internet (si, si, c'est encore possible !).

Bien évidemment, je compte bien, de temps à autre, mettre en ligne d'autres traductions de mon cru, mais en dépit de la passion que je nourris pour les récits de Yuan Mei, il n'y aura sans doute pas que du Zi bu yu au programme. J'ai déjà une petite idée derrière la tête, mais je n'en dis pas plus pour l'instant...

À bientôt, je l'espère, pour de nouvelles aventures !

Bien amicalement.

A.R.