mercredi 25 novembre 2009

Studieux début de semaine

Le début de la semaine qui commence le lundi 30 novembre va être riche en événements savants de haute qualité grâce à deux membres associés de notre équipe de recherche (LEO2T), puisque lundi, justement, va se dérouler à partir de 14 h salle des Professeurs (Université de Provence, Centre des lettres, Aix-en-Provence), la soutenance de thèse pour l'obtention du grade de docteur dans la formation doctorale Langues, Lettres et Arts, discipline Langue et littérature chinoises de Solange Cruveillé. Le titre de ce travail d’un demi-millier de pages denses et érudites est

Le renard dans les textes chinois de l'époque pré-impériale à la dynastie Qing : de la légende à la fiction, de la démonisation à l'humanisation.
Résumé : La charge symbolique et culturelle du renard dans la langue et la littérature chinoises est si forte que les chercheurs chinois parlent désormais de véritable « Culture vulpine ». Si quelques travaux ont été récemment réalisés sur ce thème en Occident, ils se sont jusqu'alors limités aussi bien chronologiquement que thématiquement, n'offrant pas la possibilité d'apprécier avec justesse et impartialité l'importance du sujet. La présente thèse se propose de remonter aux origines des croyances sur le renard en Chine et d'analyser leur évolution au fil des siècles, à travers des textes produits entre l'époque pré-impériale et la fin de la dynastie des Qing. Ce long travail d'exégèse a permis de dégager les principales caractéristiques de l'animal renard mises en avant dans les œuvres anciennes, mais aussi les différentes facettes du renard dans les contes surnaturels du premier millénaire de notre ère puis dans les fictions vernaculaires des dernières dynasties impériales. À travers l'étude, la traduction, l'interprétation et la critique de récits anciens et classiques attenant à des genres aussi divers que la divination, la philosophie, l'Histoire ou l'érotisme, deux constatations majeures ont pu être faites : l'animal est passé du domaine de la légende à celui de la fiction, mais surtout il a été démonisé avant d'être humanisé. Tout l'enjeu de cette étude est de comprendre comment ces évolutions se sont opérées, de déterminer qui véhicule les principales croyances à l'égard du renard mais aussi de voir quelles sont les significations revêtues par les récits vulpins de forme classique. Les réponses à ces questions et à bien d'autres constituent la matière principale de cette monographie du renard dans la culture chinoise.
Le jury sera composé du directeur de thèse, Noël Dutrait et de Patrick Doan, Zhang Yinde, Nicolas Zufferey et Pierre Kaser.


Li Zhanyang 李占洋 , « Rent » 《"租"—收租院》
Collection Yard, History Observed, Joseph Beuys, Mao Zedong.
Résine époxy, 195 x 217 x 160 cm, 2007. Courtesy galerie Urs Meile, Lucerne- Pékin.

Le lendemain de cette fête du renard, soit le mardi 1 décembre 2009 à partir de 15 h, salle polyvalente du 1er étage du bâtiment de la scolarité, ce sera Anny Lazarus, doctorante dans notre formation, qui présentera les travaux qu’elle conduit sous la direction de Noël Dutrait pour sa thèse. Son exposé portera sur l’

« Art contemporain chinois, trois décennies : 1979-2009 »

traitant des « conditions d'une émergence » et de « l'actualité de l'art et ses débats », pour s’achever par une sélection d'œuvres récentes.

Anny Lazarus a présenté récemment pour l’obtention d’un Master, un mémoire intitulé « La critique d'art en Chine après 1979. Entre dépendance idéologique et recherche de liberté : le cadre de son émergence, les conditions de sa pratique. » ; la thèse qu’elle prépare porte le titre d’« Art contemporain en Chine : les outils conceptuels des critiques d'art chinois. Modèles théoriques et vision de l'histoire, légitimation et validation en œuvre dans le (re)-fondement de la discipline depuis 1979 ».
Résumé : L'état des lieux de la situation des critiques d'art en Chine continentale depuis 1979 révèle que ceux-ci présentent la critique d'art comme une nouvelle discipline qui s'est construite à partir des traductions d'ouvrages occidentaux publiés au milieu des années 1980, négligeant le riche héritage des traités picturaux classiques. De plus, pendant plus d'un siècle et demi, chez les intellectuels progressistes, modernité a résonné avec le savoir occidental. La culture classique, en particulier la langue et l'écriture, était considérée comme un fardeau féodal. Sous le régime maoïste, les intellectuels ont été les cibles d'une campagne visant à réduire à néant toute forme de pensée, avec comme point culminant la Révolution culturelle. La mission assignée à l'art était alors de servir la révolution. En 1979, le parti adopte une nouvelle politique accompagnée de la "libération de la pensée" et les critiques d'art se sont de suite engagés auprès des artistes non officiels en luttant contre la censure. Ma thèse cherchera à éclaircir comment ces intellectuels ont forgé leurs outils conceptuels pour aborder des œuvres novatrices, comment fonctionne aujourd'hui la relation très ancienne en Chine entre esthétique et politique, relation réactivée en 2003, avec la décision du Parti communiste de renforcer le nationalisme en "réhabilitant" le confucianisme. Un autre axe de ma recherche concernera certains auteurs français comme Foucault, Deleuze, Derrida ou Bourdieu, particulièrement estimés chez les jeunes artistes chinois, en tentant d'évaluer leur influence. Dans un premier temps, je travaillerai sur des textes en chinois de critiques d'art (Gao Minglu, Wang Lin, Li Xianting, Zhu Qi...). En faisant une synthèse de mes traductions je tenterai de présenter les démarches théoriques de ces auteurs et de comprendre comment ils légitiment leurs concepts en particulier vis-à-vis de l'histoire. Mon projet consiste aussi à comprendre dans la situation très particulière de la Chine à la fin du XXe siècle, l'influence des critiques dans le champ de l'art, ainsi que la fondation ou re-fondation de la discipline et son inscription dans l'enseignement supérieur en Chine après 1979.
Gageons que vous serez nombreux à venir écouter l’une et l’autre. (P.K.)

lundi 23 novembre 2009

Et de quatre

Nous signalons pour le mois de novembre la parution du volume 4 de la série Tigre et Dragon de l'auteur Wang Dulu 王度盧, traduit par les soins d'Amélie Manon, sous le titre Xiulian, l'épingle d'or. Ce tome ravira les amateurs du genre (wuxia xiaoshuo 武俠小說, ou romans de chevalerie chinois), et mène à leur terme les nombreuses intrigues commencées dans le volume 3 (Li Mubai, l'épée précieuse). C'est en effet avec bonheur qu'on retrouve notre jeune héros, dans « un Pékin d’intrigues et de complots », toujours tiraillé entre l'amour et le devoir, entre l'ambition personnelle et le triste destin réservé aux héros solitaires des Fleuves et des Lacs. Ce tome marque aussi la fin d'une aventure, la suite de la série (soit 6 volumes supplémentaires) n'étant pas programmée en traduction. Souhaitons néanmoins un avenir sinon prometteur, du moins meilleur, aux romans de gongfu 功夫 chinois offerts en traduction au public francophone, avec en premier lieu les oeuvres de Jin Yong 金庸, maître incontesté du genre. (Solange Cruveillé)