dimanche 25 avril 2010

Retour sur un baptême

Cette capture d'écran renvoie, si vous cliquez dessus, à une séquence muette consultable sur notre page Dailymotion. Il s'agit du support visuel que j'ai utilisé pour présenter à un public relativement fourni notre revue en ligne Impressions d'Extrême-Orient, dont le premier volume a été lancé, vous vous en rappelez, voici plus de deux mois, c'était le 3 février 2010, sur le portail d'édition Revues.org.

Cette présentation qui s'est déroulée le 23 avril, faisait suite aux quatre exposés prévus pour cet après-midi de préparation à notre colloque « Traduire l’humour des langues et littératures asiatiques » (26-27 novembre 2010) :
  • la première à intervenir, Muriel Finetin nous a régalé de ses fines observations sur les ressorts linguistiques de l'humour chinois avec une attention particulière portée aux jeux de mots basés sur l'homophonie, réalisant, au passage, le tour de force de nous faire rire à distance puisqu'elle intervenait en visioconférence depuis son lointain Poitou. Ses conclusions ont alimenté nos réflexions sur la traduction de l'humour chinois et mis en exergue le devoir de respect du traducteur vis-à-vis des intentions de l'auteur. Les exemples tirés de la traduction française du Feidu 廢都 de Jia Pingwa平凹 ont montré que cet idéal n'est pas toujours réalisé.
  • J'ai repris le flambeau avec une brouillonne présentation des contraintes sociales et culturelles attachées à la pratique de l'humour dans la Chine ancienne suivie d'une introduction à la lecture d'une collection de blagues de la fin des Ming - le Xiaofu 笑府 de Feng Menglong 馮夢龍 (1574-1646) - qui comme d'autres collections d'histoires pour rire (xiaohua ji 笑話集) connut un grand succès hors des frontières de l'Empire, notamment au Japon grâce à l'homme de lettres et inventeur, Hiraga Gennai 平賀 源内 (1728-1780). Une page de son édition abrégée disponible sur internet nous a permis de lire trois de la collection de blagues qui firent rire les Japonais de l'ère Edo. Il nous apparut que si ces traits d'humour de plus de quatre siècles d'âge conservent bien leur pouvoir hilarant en chinois, elles perdent une bonne part de leur efficacité en français. Cela doit sans doute beaucoup à Huang Chunli qui en a lu, pour ne pas dire interprété, les versions originales globalement jugées plus efficaces que les traductions réalisées, ces dernières semaines, avec les étudiants de master 1 (Monde chinois) dont l'ingéniosité ne fut pas suffisamment payée de retour.
  • Philippe Che nous a, quant à lui, proposé sa lecture de deux passages humoristiques du Zhuangzi 莊子 en comparant de manière piquante et pesée des traductions reçues par ces textes par Liou Kia-hway (1969), Jean Lévi (2006) et Burton Watson (1968). La confrontation a mis, une fois de plus, en valeur la qualité encore inégalée de la version anglaise sur les autres. Un regard sur le fameux passage rendu par Simon Leys/Pierre Ryckmans dans « Le bonheur des petits poissons » (repris dans le livre du même nom paru chez Lattès, 2008, pp. 11-15) nous a aussi montré sous un jour inédit un Zhuangzi plein de ressources spirituelles. Promesse fut donnée par son alter ego contemporain que la réflexion sur ces compositions magnifiques sera encore approfondie pour notre plus grand plaisir... il faudra donc attendre novembre pour savoir ce qui fait rire les poissons.
  • Pour conclure cette première partie, Noël Dutrait s'est amusé, et nous a amusé, en portant un regard rétrospectif sur une nouvelle de Mo Yan 莫言 traduite par lui en tandem avec les étudiants de maîtrise des promotions 2002-2003 et 2003-2004. La discussion s'est organisée autour du terme yōumò 幽默 qui intervient dans le titre : Shīfù yuèlái yuè yōumò 师父越来越幽默 rendu par Le maître a de plus en plus d’humour (Seuil, 2005), terme que les Chinois, comme nous (au milieu du XVIIIe siècle) du reste, ont emprunté à l'anglais humor et ceci grâce à Lin Yutang 林語堂(1895-1976) au printemps de l'année 1924.
Une discussion s'est ensuite engagée sur les différents mots utilisés en Thaïlande et en Corée pour parler de l'humour. Nos guides furent respectivement Louise Pichard-Bertaux et Hye-Gyeong KIM. Nous avons appris par la même occasion que la première étudiera la manière dont les jurons du Capitaine Haddock sont traduits en thaï, et que la seconde se penchera sur la traduction de l'humour dans un pansori, Histoire de Byon Gangsoé récemment traduit sous ce titre aux Editions Zulma par Choi Mikyung et Jean Noël Juttet : un beau programme en perspective qui sera complété par bien d'autres irrésistibles surprises : on peut donc déjà prédire que nous ne nous ennuierons pas les 26 et 27 novembre. (P.K.)

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