samedi 1 mai 2010

La Chine ancienne en un clic


Les classiques des sciences sociales constituent une bibliothèque numérique entièrement réalisée par des bénévoles, fondée et dirigée par Jean-Marie Tremblay. Ce sociologue dont on peut consulter le site pédagogique également sur le portail de l’Université du Québec à Chicoutimi où il enseigne, a contribué à réunir en 7 collections quelque 4183 œuvres originales de 1208 auteurs différents (en cette fin d’avril 2010).

Dans ce fonds d’une grande richesse et d'une remarquable diversité, c’est la collection « Les auteur(e)s classiques » qui retiendra particulièrement notre attention ; cette collection se compose de quatre sous-collections qui sont : la « Revolution française » , la « Civilisation arabe », la « Civilisation de l’Inde » et, last but not least, la « Chine ancienne ».

Cette dernière entité qui se divise en deux sous-ensembles, savoir « Les œuvres classiques et autres traductions » et « Etudes et essais », est complétée d’une page intitulée « Que lire sur internet sur le même sujet ? » qui est une mine de liens vers des sites et des ouvrages disponibles, pour une bonne part, sur le site de la bibliothèque de France, Gallica. La consultation de cette simple page vous occupera de longues heures et vous réserve de bonnes surprises, mais je souhaite qu’elle ne vous détourne pas trop longtemps du fonds recueilli et fidèlement numérisé par Pierre Palpant.

L’énumération des ouvrages mis par lui à la portée d’un clic de souris en plusieurs formats, dont le très pratique pdf, est pour le moins impressionnant. Laissez-vous aller à redécouvrir ces ouvrages, études et traductions historiques qui ont fait l’histoire de la sinologie française et francophone. Outre les productions de Séraphin Couvreur, de Stanislas Julien, d’Abel Rémusat ..., vous serez sans doute curieux de relire les écrits du père Léon Wieger, de Marcel Granet ou encore les premières traductions françaises des romans chinois sous la plume peu scrupuleuse d’un d’Hervey Saint-Denys, et bien des raretés devenues accessibles par la magie de la mise en ligne et le travail de romain d’un passionné de Chine et de sa si riche culture.

Je m’étais pour ma part habitué à ces pages à travers lesquelles la circulation m’était devenue familière. Combien de fois ai-je donné un lien conduisant vers une de ces invitations à la patiente lecture de travaux réalisés par nos vénérables ancêtres en sinologie ?

La nouvelle d’une migration sur un nouveau site m’a particulièrement inquiété. Mais en suivant le lien fourni par un amical message du généreux ordonnateur de cette fabuleuse collection, j’ai eu le plaisir de découvrir un nouvel espace facile à apprivoiser, qui continue d’offrir ces perles d’érudition, sorties du passé et parfois d’un injuste oubli.

Cette adresse est à noter dans vos tablettes -- elle figure déjà en bonne place dans notre univers netvibes : http://www.chineancienne.fr/, mais, ne gommez surtout pas l’ancien lien, il est toujours actif.


Voici des extraits du texte par lequel Pierre Palpant présente cette nouvelle fenêtre sur la Chine ancienne :
« Chine ancienne présente, en téléchargement gratuit (formats pdf et doc), une bibliothèque numérique d'ouvrages du domaine public sur la Chine impériale, sur son histoire, ses coutumes, ses religions, sa morale, ses grands hommes, son art, sa littérature... J'ai proposé depuis plusieurs années, sur le site les Classiques des sciences sociales, un ensemble d'ouvrages sur la Chine ancienne, gratuits, téléchargeables, en format pdf, doc, rtf. Je fais une pause à cette contribution... Et je continue sur Chine ancienne, selon le même principe. Je reprendrai quelques livres déjà présentés, je proposerai surtout des livres nouveaux, notamment ceux du dix-huitième siècle. Pour en faire quoi ? Certes, une collection numérique, où les ouvrages, disponibles, sont alignés les uns à côté des autres, sur une étagère virtuelle, comme ci-dessus : chacun indépendant, solitaire dans la foule de ces millions de ressuscités par Internet. Mais pas seulement : avez-vous vu dans presque chaque ouvrage toutes ces bibliographies, ces notes, ces références aux sources d'inspiration, avec titre, édition, et page précisée? Voilà un gisement de liens incroyable, explicitant la pensée de l'auteur, créant un lien intellectuel avec tel autre écrivain. Liens manifestement délaissés par les gros numérisateurs de millions de bouquins.
 Alors, il faut que les petits se consacrent à ce travail. Localement, bien entendu, microscopiquement, mais tout de même... Pour avoir une bibliothèque où chaque ouvrage épaule l'autre, afin de créer un véritable tissu, grâce à des myriades d'atomes crochus entre les références ou les questions des uns et les textes ou les réponses des autres, liens qui accroissent, recoupent et contrôlent les connaissances insensiblement.
 Ainsi, sur un seul clic, vous retrouvez, à partir de la note d'un auteur, la page, et la ligne dans la page, du livre de l'auteur cité. Techniquement, c'est faisable. A ma connaissance pas avec des fichiers pdf. Mais sans problème avec des fichiers doc, pour autant que vous mettiez tous vos fichiers Chine ancienne dans le même dossier. »

L’organisation de la matière se fait dorénavant selon plusieurs registres : « King », comprendre les Classiques chinois, jing 經 ; « Traductions », puis en plus d’une page de liens et de biographies des auteurs, vous trouverez trois registres de textes rangés par siècle. On peut même feuilleter un catalogue de 13 pages bien fournies dont le contenu donne déjà le vertige.

Au rayon des nouveautés, vous trouverez entre autres surprises, Hao-Khieou-Tchouan, ou La Femme Accomplie, savoir la traduction de Guillard d'Arcy datant de 1842 du Haoqiuzhuan 好逑傳 ou encore les Nouveaux Mémoires sur l’Etat de la Chine du Père Louis Le Comte de 1697.

Bref, vous avez compris, une riche bibliothèque qui profite des derniers perfectionnements de l’édition en ligne pour nous rendre dans sa vigueur un passé pas si lointain vous attend.

Ne manquez pas de vous inscrire à la lettre d’information, grâce à laquelle Pierre Palpant signale à ses lecteurs ses mises à jour et les informe sur son travail si utile pour nous qui n’avons pas toujours accès aux documents qu’il divulgue ou qui rechignons à nous livrer au décryptage des vieilles éditions d’antan. Merci encore Monsieur Palpant et bon vent pour votre nouvelle collection. (P.K.)

vendredi 30 avril 2010

Retour de Hong Kong

Asia Art Archives :
un lieu privilégié pour les chercheurs travaillant sur l'art contemporain asiatique.

Ce centre d'archives dévolu à l'art contemporain asiatique se situe dans le très pittoresque quartier Sheung Wan, réputé pour ses magasins de produits séchés. La rue Hollywood traverse le quartier artistique de Soho où voisinent galeries et boutiques d'antiquité.

De son 11ème étage, le centre domine le parc d'Hollywood et offre une vue étonnante sur les immeubles d'habitations, impressionnants gratte-ciel, de ce quartier populaire.

Les conditions de travail sont optimales : un accueil des plus chaleureux, une présentation détaillée du lieu et ce qui est très appréciable, l'accès direct aux documents. Le repérage est simple, ouvrages de référence, monographies, catalogues d'exposition, périodiques, articles de presse et cartons d'invitation soigneusement classés... Le centre dispose aussi d'archives électroniques et d'enregistrements.

Dans ce fonds très riche, citons les principales revues artistiques publiées au lendemain de la Révolution culturelle, soit sous forme de photocopies, soit en exemplaires originaux.

Art Asia Archives participe pleinement à l'actualité artistique de Hong Kong, en partenariat avec différentes structures. Il propose également un programme de résidence pour des artistes qui interrogent la notion d'"archives".

Le catalogue en ligne permet de préparer sa recherche avant le départ, et sur place, on bénéficie d'un accès libre à internet, un plus très appréciable.

On y trouvera toutes les informations sur l'actualité artistique de Hong Kong et de Macau. Un lieu incontournable pour les passionnés.

Notons au sous-sol de l'immeuble la présence de l'excellente galerie thaïlandaise Tang Contemporary.

Coordonnées : 11/F Hollywood Centre, 233 Hollywood Rd, Sheung Wan, Hong Kong
(Situé au carrefour de Possession Street et d'Hollywood Road)
Tel: (852) 2815 1112
Fax: (852) 2815 0032
Email: info@aaa.org.hk
Ouvert du lundi au samedi de 10h à 18h.
Fermé les jours fériés et du 25 décembre au 1er janvier.


L'accès aux archives est gratuit. Le site est très agréable à consulter : http://www.aaa.org.hk/
Anny Lazarus

Clichés : © Anny Lazarus (vues extérieures) © Laurent Septier (vues intérieures)

mercredi 28 avril 2010

De la traduction du chinois

En actionnant le lien suivant > ici <, vous vous rendrez sur notre page Dailymotion et serez alors en mesure d'écouter pendant un peu moins de 5 minutes l'intervention de Noël Dutrait dans l'émission Post Frontières (Florian Delorme) du 29 mars 2010 sur France Culture. L'émission intégrale est toujours accessible, mais pour une durée réduite, en podcast sur sa page d'archives.

Vous pourrez notamment y lire le commentaire qu'y a laissé le traducteur de Gao Xingjian, Mo Yan et que je reproduis ci-dessous. Inutile de dire que j'approuve son jugement final :
02/04/2010 16:49 dutrait (Le Puy Sainte Réparade, France)
C'est amusant qu'après mon intervention sur la traduction du chinois (dont je suis spécialiste), un intervenant se soit appliqué à dire le contraire de ce que j'affirmais. J'estime qu'en chinois, rien n'est totalement intraduisible. Les Chinois traduisent depuis très longtemps (on pense par exemple au canons bouddhiques venus d'Inde) et ils n'ont pas attendu la chute du mur de Berlin pour traduire les philosophes du monde entier. Un intervenant a même affirmé que le nom de la Chine en chinois avait quelque chose d'intraduisible, car il signifie "Pays du Milieu"... Mais en français, chaque fois qu'on parle de la mer Méditerranée, on ne pense pas automatiquement au fait qu'il s'agit d'une mer "entre les terres"...

Dommage que je n'ai pas pu répondre aux éminents spécialistes? C'est amusant de voir que quand on parle de la Chine et du chinois, tous les clichés sur la Chine mystérieuse et la langue chinoise prétendument si difficile reviennent aussitôt...
Noël Dutrait.

lundi 26 avril 2010

Keulmadang, le n° 5 est en ligne

Le numéro 5 de la revue KEULMADANG vient de paraître. Au sommaire de ce nouveau numéro,
  • le dossier du mois consacré au nouveau roman de Yi In-seong Interdit de folie, traduit du coréen par Chae Ae youn et Jean Bellemin-Noël. Paru chez Imago, Yi In-seong (voir le dossier du n° 4 qui lui est consacré) délivre un roman étonnant, qui explore au travers des échecs et des déboires d’un écrivain, les limites de la conscience.
  • A lire, une chronique de Kim Hye-gyeong et Jean-Claude de Crescenzo et une lecture-analyse de Jean Bellemin-Noël, suivies d’un extrait du livre.Une nouvelle de Kim Yeon-su, jeune et célèbre nouvelliste de Corée du sud.
  • Une lecture de La chambre solitaire (paru chez Picquier) de SHIN Kyung-sook, par Lucie Angheben, ainsi qu’un portrait de l’auteur (e), et des extraits du roman, en attendant le prochain Dossier du mois qui lui sera consacré.
  • Une interview du peintre Nam Youn-joo, par Andreas de Benedettis.
  • Une lecture de Sur les traces du serpent blanc, paru chez Imago, par Aurore Dauchy, et des extraits du roman
  • Et les lectures du mois…
La revue de littérature coréenne Keulmadang est en ligne sur www.keulmadang.com (Jean-Claude de Crescenzo).

... Mais pourquoi ne pas faire un détour par notre tout nouveau portail - certains disent 'univers' - Netvibes. L'adresse est simple à retenir : http://www.netvibes.com/leo2t. Son espace Corée donne toute sa place à la revue Keul Madang, mais, vous allez très rapidement le constater, il est encore en travaux. (P.K.)

dimanche 25 avril 2010

Retour sur un baptême

Cette capture d'écran renvoie, si vous cliquez dessus, à une séquence muette consultable sur notre page Dailymotion. Il s'agit du support visuel que j'ai utilisé pour présenter à un public relativement fourni notre revue en ligne Impressions d'Extrême-Orient, dont le premier volume a été lancé, vous vous en rappelez, voici plus de deux mois, c'était le 3 février 2010, sur le portail d'édition Revues.org.

Cette présentation qui s'est déroulée le 23 avril, faisait suite aux quatre exposés prévus pour cet après-midi de préparation à notre colloque « Traduire l’humour des langues et littératures asiatiques » (26-27 novembre 2010) :
  • la première à intervenir, Muriel Finetin nous a régalé de ses fines observations sur les ressorts linguistiques de l'humour chinois avec une attention particulière portée aux jeux de mots basés sur l'homophonie, réalisant, au passage, le tour de force de nous faire rire à distance puisqu'elle intervenait en visioconférence depuis son lointain Poitou. Ses conclusions ont alimenté nos réflexions sur la traduction de l'humour chinois et mis en exergue le devoir de respect du traducteur vis-à-vis des intentions de l'auteur. Les exemples tirés de la traduction française du Feidu 廢都 de Jia Pingwa平凹 ont montré que cet idéal n'est pas toujours réalisé.
  • J'ai repris le flambeau avec une brouillonne présentation des contraintes sociales et culturelles attachées à la pratique de l'humour dans la Chine ancienne suivie d'une introduction à la lecture d'une collection de blagues de la fin des Ming - le Xiaofu 笑府 de Feng Menglong 馮夢龍 (1574-1646) - qui comme d'autres collections d'histoires pour rire (xiaohua ji 笑話集) connut un grand succès hors des frontières de l'Empire, notamment au Japon grâce à l'homme de lettres et inventeur, Hiraga Gennai 平賀 源内 (1728-1780). Une page de son édition abrégée disponible sur internet nous a permis de lire trois de la collection de blagues qui firent rire les Japonais de l'ère Edo. Il nous apparut que si ces traits d'humour de plus de quatre siècles d'âge conservent bien leur pouvoir hilarant en chinois, elles perdent une bonne part de leur efficacité en français. Cela doit sans doute beaucoup à Huang Chunli qui en a lu, pour ne pas dire interprété, les versions originales globalement jugées plus efficaces que les traductions réalisées, ces dernières semaines, avec les étudiants de master 1 (Monde chinois) dont l'ingéniosité ne fut pas suffisamment payée de retour.
  • Philippe Che nous a, quant à lui, proposé sa lecture de deux passages humoristiques du Zhuangzi 莊子 en comparant de manière piquante et pesée des traductions reçues par ces textes par Liou Kia-hway (1969), Jean Lévi (2006) et Burton Watson (1968). La confrontation a mis, une fois de plus, en valeur la qualité encore inégalée de la version anglaise sur les autres. Un regard sur le fameux passage rendu par Simon Leys/Pierre Ryckmans dans « Le bonheur des petits poissons » (repris dans le livre du même nom paru chez Lattès, 2008, pp. 11-15) nous a aussi montré sous un jour inédit un Zhuangzi plein de ressources spirituelles. Promesse fut donnée par son alter ego contemporain que la réflexion sur ces compositions magnifiques sera encore approfondie pour notre plus grand plaisir... il faudra donc attendre novembre pour savoir ce qui fait rire les poissons.
  • Pour conclure cette première partie, Noël Dutrait s'est amusé, et nous a amusé, en portant un regard rétrospectif sur une nouvelle de Mo Yan 莫言 traduite par lui en tandem avec les étudiants de maîtrise des promotions 2002-2003 et 2003-2004. La discussion s'est organisée autour du terme yōumò 幽默 qui intervient dans le titre : Shīfù yuèlái yuè yōumò 师父越来越幽默 rendu par Le maître a de plus en plus d’humour (Seuil, 2005), terme que les Chinois, comme nous (au milieu du XVIIIe siècle) du reste, ont emprunté à l'anglais humor et ceci grâce à Lin Yutang 林語堂(1895-1976) au printemps de l'année 1924.
Une discussion s'est ensuite engagée sur les différents mots utilisés en Thaïlande et en Corée pour parler de l'humour. Nos guides furent respectivement Louise Pichard-Bertaux et Hye-Gyeong KIM. Nous avons appris par la même occasion que la première étudiera la manière dont les jurons du Capitaine Haddock sont traduits en thaï, et que la seconde se penchera sur la traduction de l'humour dans un pansori, Histoire de Byon Gangsoé récemment traduit sous ce titre aux Editions Zulma par Choi Mikyung et Jean Noël Juttet : un beau programme en perspective qui sera complété par bien d'autres irrésistibles surprises : on peut donc déjà prédire que nous ne nous ennuierons pas les 26 et 27 novembre. (P.K.)