jeudi 29 septembre 2011

Bug automnal


Si vous visitez notre blog avec Internet Explorer, vous devez rencontrer des difficultés pour visionner l’ensemble des rubriques de cette page. La cause de ce désagrément (que je souhaite momentané) m’est inconnue. Pour y remédier, je vous invite à utiliser un autre navigateur avec lequel vous pourrez profiter à plein des informations, liens et billets que nous avons réunis pour vous : Firefox, Safari, Chrome ...

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N’oubliez pas non plus notre univers Netvibes - http://www.netvibes.com/leo2t - qui est une plateforme en perpétuelle évolution et qui vous conduira vers des sites en rapport avec les littératures d’Extrême-Orient. Son premier onglet [LEO2T] offre un accès direct à toutes nos fenêtres sur l’internet, notamment celle de notre revue en ligne - Impressions d’Extrême-Orient - dont le numéro 2 est dans les tuyaux ; il proposera 12 des communications données lors de notre colloque des 13 et 14 mars 2009, « Littératures d’Asie : traduction et réception ». Vous serez les premiers avertis de sa publication en ligne sur la plateforme Revues.org.

Bonne navigation à tous et méfiez-vous des petits chong 蟲 automnaux.

mercredi 28 septembre 2011

Miscellanées littéraires (006)

Pour me faire mentir - j’avais annoncé en réunion la mort de ce blog voici peu -, je vous livre tel que Thomas Pogu, plus que jamais bien inspiré, me l’a transmis ce paquet de « bêtises » qui proviennent des entrées « Chinois » et « Japonais » du plaisant Dictionnaire de la bêtise et des erreurs de jugement de Guy Bechtel et Jean-Claude Carrière (Robert Laffont, coll. « Bouquins », (1965) 1991).

CHINOIS

Pour les observations astronomiques des Chinois, elles ne méritent pas plus de considération que les monuments de leur histoire. (...) Qu'on ne s'attende pas à voir parmi les Chinois des Raphaël, des Michel-Ange, des Le Brun, des Delorme, des Lulli. On n'en trouvera pas plus que de Descartes, de Newton, de Copernic, de Kepler. (...) Pour les arts du goût, ils sont restés dans l'enfance, ou même au-dessous. En ce qui concerne la peinture et la sculpture, leurs plus habiles maîtres n'ont jamais égalé un élève européen de deux mois. Leurs tableaux, ou pour mieux dire leurs barbouillages, ne valent pas les plus grossiers gothiques que nous méprisons si justement aujourd'hui.
Abbé Nonotte, Dictionnaire philosophique de la religion (article Chinois), 1772.

Les Chinois sont le plus mou, le plus voluptueux, le plus paisible et le plus paresseux de tous les peuples de la terre.
Gaspard Lavater, L'Art de connaître les hommes par la physionomie, édition de 1806, tome II.

Il n'existe au monde que les moralistes et les Chinois qui veuillent la monotonie, l'uniformité ; aussi les Chinois sont-ils les êtres les plus faux et les plus éloignés des voies de la nature.
Charles Fourier, Le Nouveau Monde industriel et sociétaire, 1829-1845.

Le Chinois n'est pas redoutable. Irrésistible dans les petits emplois, incomparable dans la domesticité, il est incapable de fonder, personnellement, de nouveaux empires.
Jean Revel, Chez nos ancêtres, 1888.

Une étude attentive des Chinois montre qu'ils sont, en tant que race, traîtres, cruels et criminels d'instinct.
Edmond Shatesbury, Child Life, Washington, 1897.

On peut se demander si l'active influence du Japon parviendra à désintoxiquer la Chine des ferments nocifs que l'Europe lui a inoculés : démagogie, bolchevisme, idéologie genevoise.
M. Gaillard, Péril jaune ou péril blanc ?, 1937.

Le Chinois demeure, en général, profondément indifférent aux questions de politique, politique intérieure tout aussi bien que politique extérieure. Courbé sur sa charrue ou appliqué à ses comptes, il reste étranger aux questions de régime.
Georges Maspero, La Chine, Paris, 1919.

Il est sûr que le général de Gaulle souhaitait connaître ce pays millénaire, peuplé de près d'un milliard d'êtres humains, qui accueille aujourd'hui le président d'un pays dont l'histoire est faite de gloire et de misères, et qui ne compte que 50 millions d'habitants. Ce déséquilibre démographique n'a pas toujours été aussi marqué. Il serait atténué si certaines minorités ne créaient en France un climat favorable à l'avortement et à la contraception, impensables en Chine.
Le Parisien libéré, 12 septembre 1973.

Le Chinois est cruel, moins que M. Mirbeau, mais il l'est.
Charles Regismanset, Questions coloniales, Paris, 1912.

JAPONAIS

Ne vous fiez pas à la gentillesse simiesque de ces magots sensuels. C'est justement parce que, sous les menues élégances de leur civilisation stationnaire, ils restent des enfants, de vieux enfants, c'est pour cela qu'ils sont tour à tour des créatures futiles et des créatures féroces. Moi, brave Arya, très préoccupé de progrès, de justice, de charité, formé par la discipline et tout imprégné d'idées générales, ces homuncules aux cerveaux étroits m'apparaissent, malgré leur immobile culture superficielle, comme tout proches encore de l'humanité primitive, comme de jolies bêtes qui ne sont pas mes parentes. Je me figure qu'ils en resteront toujours où ils en sont ; que, si quelque œuvre mystérieuse et divine s'élabore ici-bas, ce ne sera jamais pour eux ; que cette race n'aura été sur notre planète qu'une floraison superflue ; et qu'enfin, s'il y a un plan et un dessein de l'Univers, le Japon n'aura servi qu'à rajeunir et varier chez nous l'art de l'ameublement, et que là est sa seule raison d'être... Je vous livre, bien entendu, qu'une impression ; mais que puis-je faire autre chose ?
Jules Lemaitre, Impressions de théâtre, 30 avril 1888.

Bien laides, ces pauvres petites Japonaises.
Pierre Loti, Fantômes d'Orient, 1892.

Si la Japonaise est la négation la plus absolue de la femme, elle est aussi la négation la plus absolue de la beauté grecque.
Louis Martin, L'Anglais est-il un Juif ?, 1895.

Un Jap est un Jap. C'est un élément dangereux qu'il soit loyal ou non.
Général J.L. De Witt, 13 avril 1943, cité in Cerf et Navasky, Paroles d'experts, Acropole, 1989.

lundi 26 septembre 2011

Freedom, Fate, and Prognostication

Pour tout savoir sur la conférence internationale
qui va se tenir à Nuremberg
du 24 au 27 octobre et qui aura pour objet
Gao Xingjian: Freedom, Fate, and Prognostication,
veuillez vous rendre sur la page suivante >> ici ou
télécharger à partir du lien suivant (ici) le pdf du programme.

Noël Dutrait y interviendra le 25/10
avec une communication en chinois intitulée :
« 高行健小說《一個人的聖經》中的 “性, 自由, 逃亡”»
[« ‘Sex,’ ‘Freedom,’ and ‘Escape’ in
Gao Xingjian‘s Novel One Man Bible »]

Sanctuaire du Cœur


La romancière vietnamienne Duong Thu Huong (Dương Thu Hương) continue à nous étonner, depuis son installation en France, avec une production riche et régulière. Après une volumineuse Terre des oublis de 794 pages parue en 2006 et récompensée par le Grand prix des lectrices de « Elle » en 2007, Au zénith publié en 2009, 800 pages, a obtenu le Prix Laure Bataillon de la meilleure œuvre traduite en français 2009 et le Prix Jules Janin 2009. Son nouveau roman, Sanctuaire du Cœur, sorti le 15 septembre dernier, « amène ses lecteurs dans une histoire époustouflante au cœur du Vietnam (…) Duong Thu Huong dresse le portrait sans appel d’une société vietnamienne déstabilisée et corrompue que dominent le sexe, le pouvoir et l’argent », peut-on ainsi lire sur Livre de Poche. Ce résumé pourrait étonner, car les thèmes chers à l’écrivaine touchent plutôt à la guerre ou au Vietnam dans l’après-guerre, mais cela témoigne aussi de sa capacité de se renouveler. N’ayant pas eu en main cette nouveauté, je ne peux que vous dire que le résumé (que vous trouverez sur le site de l’éditeur http://www.swediteur.com/titre.php?id=113) promet une lecture passionnante :
« La fugue de Thanh plonge dans la stupeur ses parents, un couple de professeurs respectés, ainsi que toute la petite ville proche de Hanoi où vit cette famille modèle. À seize ans, le jeune homme était promis à un brillant avenir et n’avait jamais donné le moindre signe de trouble ni de rébellion.
Quand on le retrouve quatorze ans plus tard – en 1999, le temps du récit –, il est devenu gigolo, entretenu par une femme d’affaires rencontrée dans la maison close de Saigon où il exerçait ses talents de prostitué.
Comment – et pourquoi – ce jeune homme sans histoires en est arrivé là, c’est ce que dévoile ce roman diaboliquement construit.
Thanh a tout le temps, pendant ses longues journées dans la villa de la côte que seuls rythment des dîners dans des établissements de luxe, de se remémorer son passé.
Ses jeunes années sont autant de souvenirs lumineux : elles ont été à jamais marquées par la présence radieuse de Tra My, son amie de toujours, la petite fille que ses parents avaient recueillie et dont il était tombé éperdument amoureux.
Sa descente aux enfers après sa fugue vient en sombre contrepoint de cette enfance heureuse : les scènes époustouflantes de son arrestation par erreur dans un hôtel de passe, de son emprisonnement avec des droit commun ou de sa rencontre avec le proxénète qui l’a embauché donnent à Duong Thu Huong la matière d’un portrait sans appel d’une société vietnamienne déstabilisée et corrompue que dominent le sexe, le pouvoir et l’argent.
Quand Thanh ne supporte plus sa vie oisive d’objet sexuel et qu’il décide de prendre un nouveau départ, il ne peut s’empêcher de buter sur le traumatisme subi lors de ses seize ans. La scène qui le hante, et dont son propre père est l’acteur principal, donne la clé de sa dérive et du roman tout entier.
La question sous-jacente que pose en effet Duong Thu Huong tout au long de ce livre consacré aux enfants des hommes et des femmes de sa génération, celle qui s’est battue pour des idéaux et qui ne se reconnaît pas dans le Vietnam d’aujourd’hui, est déchirante : qu’avons-nous fait à nos enfants ? quel monde leur laissons-nous ? »
Pour la première fois, Duong Thu Huong attaque ainsi à la société vietnamienne contemporaine, du « renouveau » ou đổi mới en vietnamien qui veut dire littéralement « changer » et « neuf » (quant à sa traduction très riche de sens et un stimulant exercice de traduction, on peut voir la contribution de Yann Bao An et Benoît de Tréglodé dans l’ouvrage collectif Vietnam contemporain paru en 2004). Dans ce pays, les enfants des héros d’hier qui combattaient pour l’idéal communiste, ne croient plus en rien… Mais, peut-être, c’est aussi cela la mondialisation ?

En attendant, espérons que l’auteur nous amène réellement dans un voyage humain et littéraire passionnant, comme écrit Alexis Liebaert qui avait décerné à Duong Thu Huong le titre de « la Soljenitsyne vietnamienne » à la sortie de la Terre des oublis, « jamais (…) la militante ne prend le pas sur la romancière, cette magicienne de la langue capable de faire sentir au lecteur l’odeur d’un jardin de pamplemoussiers, comme de lui faire partager les tourments d’un adolescent à l’innocence trahie » (Marianne du 24 septembre 2011, p. 87).

Enfin, saluons le travail du traducteur Phuong Dang Tran et celui de l’éditeur Sabine Wespieser auxquels nous devons ce roman de 752 pages traduit du vietnamien, avec le soutien du Centre National du Livre, et que nous espérons lire un jour en vietnamien.

Nguyen Phuong Ngoc