samedi 19 novembre 2011

Journée doctorants IRSEA/Leo2t 2011-2012


Journée des doctorants de 
et de l’équipe Littératures d’Extrême-Orient, Textes et Traduction (Leo2t)
Vendredi 9 Décembre 2011
Campus Saint-Charles (Marseille), Bâtiment LSH
Salle 501 (matin) et 504 (après-midi)

9h30-10h15 : Origine, mémoire et ancestralité : approche anthropologique de pierres monumentales Riung (Ile de Florès, Indonésie orientale), Nao REMON
A Riung, dans la partie nord-ouest de l’île de Florès, se dressent des pierres venant se distinguer du reste du paysage montagneux et forestier. Les différents rôles qu’elles endossent sur les plans symbolique, rituel, identitaire, foncier et social en font des objets à caractère éminemment anthropologique. Marqueurs topologiques dans un contexte de mobilité clanique, supports de mémoire et de narration, reliquats des temps mythiques, ces monuments révèlent la relation spécifique des Riung au paysage qui les entoure. La fixité et l’immutabilité accordée à ces pierres servent de support à une expérience spatiale et temporelle de retour aux fondements.
10h15-11h00 : Gao Minglu, entre critique et théorie, Anny LAZARUS
Personnage central de l’art contemporain en Chine, Gao Minglu a publié de nombreux livres retraçant le développement de l’art contemporain chinois depuis 1979. Dans le cadre de cette intervention, je présenterai son ouvrage intitulé l’École du Yi, une théorie subversive contre la représentation, édité en juin 2009. Comme le titre le laisse entrevoir, l’ambition de l’auteur est de démontrer que les modèles théoriques occidentaux ne sont pas appropriés pour analyser l’art chinois (classique et contemporain). Après avoir revisité les concepts de l’esthétique classique (Li, Shi, Xing), il propose un rapprochement avec les écrits post-structuralistes et développe un modèle théorique « totalisant » qu’il souhaite appliquer à un grand nombre d’œuvres, en dépassant les frontières de la Chine. Ce livre soulève plusieurs questions, celles bien sûr de la pertinence et l’efficacité de la démonstration, ainsi que l’influence chez l’auteur de la French Touch, mais aussi celles qui concernent l’allégeance au pouvoir en place et l’indépendance intellectuelle face à la tentation nationaliste. J’évoquerai également la réception de l’ouvrage en Chine et en Occident.
11h15-12h00 : La notion de frontière chez les Thaïs, Thanida BOONWANNO
Au cours du XIXe siècle, les Thaïs du Siam durent adopter la notion de frontière que les colonisateurs européens avaient depuis assez peu de temps accepté chez eux. Mais cela ne signifie pas qu’auparavant les Thaïs ou les Siamois n’avaient eu des frontières reconnues. Certes, leur établissement était de moins en moins rigoureux à mesure que l’on s’éloignait de la capitale, laquelle donnait son nom à l’État. Ce fut par exemple le cas dans les royaumes d’Ayutthaya (1350-1767) ou de Thonburi (1767-1782). Les limites matérielles des frontières étaient d’ordre extrêmement divers puisqu’il pouvait s’agir d’arbres voire d’arbustes, mais également de reliquaires élevés par les hommes (chedi). Mais les frontières pouvaient tout aussi bien être des groupes humains, et c’est dans ce dernier cas que nous sommes en mesure d’employer l’expression d’« ethnie-frontière » que nous développerons à propos de minorité thaïe dans la province cambodgienne de ko Kong que l’on appelle « Thaïs-ko-Kong ».
13h30-14h15 : Autorité traditionnelle et pouvoir politique. La campagne électorale de la gouverneure de Banten (Indonésie), Gabriel FACAL
Le processus de décentralisation initié depuis 1998 en Indonésie s’est accompagné par contrecoup d’un mouvement d’hyper centralisation au niveau régional dans nombre des provinces nouvellement créées. J’étudierai ce phénomène à travers la description de la campagne de la gouverneure sortante pour les élections provinciales de 2011. La gouverneure est la fille aînée d’un dirigeant de la pègre locale qui a coordonné les projets gouvernementaux du Général Suharto pendant près de quarante ans. Sa famille a
mis à profit la chute du régime et l’autonomie provinciale pour défaire les institutions régionales de leur dépendance vis-à-vis du gouvernement central. Ce réseau familial exerce ainsi sa domination dans les sphères politique, économique et religieuse à travers des groupes de lobbying issus des domaines de l’éducation et de l’information, de la santé et de l’humanitaire.
14h15-15h00 : La notion de bien public « à la japonaise » dans l'entreprise taïwanaise CHIMEI  奇美, Yamada YU
Lors de cette intervention, je définirai tout d'abord le concept japonais de bien public (kōnoseishin 公の精神), tel qu’il fut appliqué au Japon et à Taïwan avant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dans un deuxième temps, j'analyserai dans quelle mesure Hsü Wen-lung 許文龍, le fondateur de l'entreprise taïwanaise CHIMEI, a intégré ce principe et en a fait une valeur phare des activités de mécénat de la firme.
15h15-16h00 : Les créations littéraires des aborigènes de Taiwan, Christophe MAZIERE
Au tournant des années 1980, l’émergence d’une conscience nationale taiwanaise s’est notamment traduite par un mouvement de reconsidération des cultures premières de l’île. Bien avant A-Mei, vedette puyuma de la scène pop, les documentaristes Mayaw Biho (peuple amis) ou Si-Manrei (peuple tao), les créations littéraires écrites aborigènes ont ouvert le pas à une représentation de ces groupes ethniques sur des supports modernes, jusqu’alors exogènes à leur culture originelle. La valeur artistique de ces œuvres est liée à une dynamique inhérente à ces populations désireuses de se réapproprier leurs droits civiques les plus élémentaires, mais aussi une subjectivité refoulée par près de quatre siècles de présences étrangères successives. L’exposé s’efforcera de retracer les grandes lignes de cette émanation moderne d’un processus de réécriture culturelle en cours, ses tendances, ses principaux acteurs, les thématiques qu’ils affectionnent, mais aussi les débats définitionnel, linguistique et identitaire qui l’animent afin de fournir une première base de réflexion.
Organisation :
Luc Benaiche (luc.benaiche@gmail.com)
Damien Onillon : (damien.onillon@wanadoo.fr)


vendredi 18 novembre 2011

Entre Orient et Occident


Paul Servais (ed.), Louvain-La-Neuve, Academia, 2011

Publié sous la direction du professeur Paul Servais de l’université catholique de Louvain, cet ouvrage rassemble les communications au colloque du même nom qui s’était tenu à Louvain-la Neuve en 2008, dont nous avions parlé en temps voulu.

Nul doute que cet ouvrage intéressera les fidèles de notre blog puisqu’il contient, entre autres, des communications sur les thèmes suivants : « L’intraduisible et l’incommunicable dans la traduction de la pensée chinoise en langues occidentales » (Sun Yu-Jun), « Le traducteur Fu Lei (1908-1966). Une « Pérégrination vers l’Ouest » au XXe siècle » (Renaat Beheydt), « Les pièges du monde japonais : splendeurs et misères de la communication au Soleil levant » (Andreas Theke), ou encore « Traduire la littérature chinoise contemporaine au début du XXe siècle, une question de choix » (par votre serviteur), « Traduction et histoire des cultures » (Marc De Launay). Je reprendrai les dernières lignes de la conclusion de Lambert Isebaert pour vous donner envie de lire ce livre :
« Ce colloque a permis de rassembler et de confronter, sur la problématique de la traduction entre Orient et Occident, des regards différents et complémentaires, qui n’épuisent évidemment pas un sujet aussi vaste, mais qui ont contribué – les uns à mieux définir, les autres à illustrer par de nouveaux exemples – les enjeux théoriques et méthodologiques de la traduction, ses conditions de possibilité, ses modalités de mise en œuvre, et, de manière particulière, les obstacles et les barrières qui se dressent sur le chemin de la communication : ceux-ci nous montrent, si besoin était, que le raccourcissement de la distance culturelle et idéologique entre Orient et Occident nécessite, face au défit de l’intraduisible, un effort soutenu et une application constante. »
Noël Dutrait

Anniversaire


L’anniversaire que je tiens à fêter avec vous aujourd’hui est celui de notre blog qui vient, en ce 18 novembre 2011, d’avoir 5 ans.  Ce billet est le 452ème ; vous avez été - et je vous en remercie chaleureusement - plus de 100 000 à nous visiter volontairement ou seulement conduit ici selon le bon vouloir des moteurs de recherche. Je souhaite que l’aventure continue et remercie ceux qui, au fil des mois, ont contribué à l’enrichir et ceux qui le feront à l’avenir. Si vous êtes un habitué vous avez découvert voici quelques jours une nouvelle interface qui corrige une partie des désagréments rencontrés par certains d’entre vous avec la précédente (NB : préférer les dernières versions de Firefox qui la restituent sans dommage).

Cette année a été, et de loin, moins généreuse que les précédentes, faisant tomber la moyenne annuelle de publication à moins de 100 billets. C’est que 2011 est pour notre équipe une année de transition au terme de laquelle « Littérature d’Extrême-Orient, textes et traduction » deviendra un axe de recherche de l’Institut de Recherche sur l’Asie, - baptisé IrAsia -- la fusion de Leo2t et de l’IRSEA, va naître le 1 janvier 2012.

Les projets anciens et en cours seront naturellement poursuivis. En plus des Etudes Gao Xingjian et de l’élaboration d’un Inventaire des traductions françaises des littératures d’Extrême-Orient (ITLEO), nous nous attacherons à faire vivre notre revue en ligne Impressions d’Extrême-Orient dont le deuxième numéro est en cours de publication sur le portail d’édition Revues.org. Voici un avant-goût de son contenu qui proposera 13 des 19 communications données lors du Colloque « Littératures d’Asie : traduction et réception » que nous avions tenu à Aix-en-Provence, les 13 et 14 mars 2009 :
Solange Cruveillé, « La traduction et les études sur le Taiping guangji (Vaste recueil de l'ère de la Grande Paix, Xe siècle) en Occident ».
Philippe Postel, « A propos des traductions de Haoqiu zhuan »
Chou Tan-Ying, « L'éventail aux fleurs de pêcher comme métaphore de la vie : réflexions sur la traduction des références intertextuelles dans Rose rouge et rose blanche d'Eileen Chang ».
Paolo Magagnin, « La traduction et la lettre, ou le ryokan du lointain : vers une pratique de la différence dans la traduction des langues orientales ? »
Nicoletta Pesaro, « Feishiyi de ci 非诗意的词, la parole « peu poétique » : réflexions sur la traduction de Mu Dan, 1918-1977 »
Noël Dutrait, « Les traductions du théâtre de Gao Xingjian par lui-même »
Patrick Doan, « Les difficultés de la traduction des séries télévisées chinoises »
Elizabeth Naudou, « Traduire la poésie sanskrite : le cas de la Bhagavad-gītā »
Françoise Robin, « Ceci n'est pas un paquebot. Interprétations et lectures du poème de Jangbu, Ce paquebot peut-il nous mener sur l'autre rive ? »
Julie Kim-de Crescenzo, « Traduire la nuance dans le texte littéraire coréen ».
Le Min Sook, « La traduction des titres de romans coréens : le cas de Kim Dong-ri (1913-1995) ».
Han Yumi, Hervé Péjaudier, « L’ « autre » texte : ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre »

Nguyễn Phương Ngọc « Dragons et phénix, ou comment traduire les expressions exotiques du  vietnamien »
Bientôt sera lancé un appel à contribution pour le numéro 3 ; ce sera un hommage à Jacques Dars que nous tenons à honorer par un choix de traductions inédites.
Pour ce qui est du suivi quotidien des activités en rapport avec les littératures d’Asie et la traduction, je vous renvoie non seulement vers notre univers Netvibes où s’inscrivent toutes nos publications virtuelles, mais aussi vers notre compte Twitter - JELEO2T ; je vous encourage à en créer un personnel qui vous permettra non seulement de prendre connaissance de nos publications sur ce support très dynamique, mais aussi de celles, nombreuses et variées, des passionnés et spécialistes de l’Extrême-Orient que nous suivons. 
L’annonce du cinquième anniversaire de ce blog constituera le 1000ème twitt de notre histoire. A très bientôt, donc, ici ou ailleurs sur la toile.