samedi 9 février 2013

Compte-rendu d'une mission à Beijing

Vidéo, malheureusement muette, présentant un diaporama ayant servi de support à un compte-rendu oral sur cette mission. 

Dans l’article intitulé « La sinologie en Chine aujourd’hui : un champ spéculaire et spéculatif » qui ouvre le dernier volume d’Etudes chinoises (vol. XXXI-1, 2012, pp. 7-32), Zhang Yinde fait une présentation aussi érudite que pertinente d’un domaine de la recherche chinoise en devenir et donne le cadre général dans lequel s’inscrit une manifestation dont ce billet va fournir un bref aperçu.

S’il en est question ici, c’est que j’ai eu la chance de pouvoir y participer grâce à l’aide financière de l’IrAsia. Ma participation était motivée par la volonté de trouver des soutiens pour faire progresser un des projets que conduit l’axe de recherche Leo2t, à savoir celui de l’Inventaire des traductions françaises des littératures d’Extrême-Orient, ITLEO.

Cette manifestation qui s’est tenue à Pékin, à la Beijing Foreign Studies University (Beijing waiguoyu daxue 北京外國語大學), les 15 et 16 décembre 2012,  a été pensée et conduite avec beaucoup de maîtrise par le Pr. Zhang Xiping 张西平 et le National Research Centre of Overseas Sinology (Zhongguo haiwai hanxue yanjiu zhongxin 中國海外漢學研究中心) qu’il dirige.

Elle avait pour intitulé Chinese Classics in Global Context (Zhongguo gudai wenhua jingdian zai haiwai de chuanbo ji yingxiang yanjiu -- 中国古代文化经典在海外的传播及影响研究 ——以二十世纪为中心国际学术研讨会). Elle a permis à des chercheurs principalement chinois de se retrouver autour d’une même interrogation sur la manière dont le monde a pris en  compte la culture chinoise et ses ouvrages fondamentaux au cours du siècle précédent, et de tenter une évaluation de l’influence que ces textes ont pu avoir dans différents secteurs culturels.
 
Pendant deux jours, ce sont quelque 80 communications qui ont été données, certaines devant un amphi bondé, d’autres à l’occasion de séances de deux heures regroupant outre les intervenants (de 3 à 5 à chaque fois), un public attentif et curieux. Les présidents de séances ont pour la plupart fait en sorte que le temps réservé à la discussion permettent des débats fructueux et  stimulants dans un climat d’échange amical. Je tiens pour ma part à saluer le Pr. Xie Tianzhen 谢天振 de l’Université des langues étrangères de Shanghai, Shanghai waiyu daxue 上海外语大学 et Wang Xiaolu 王晓路, professeur aux instituts de lettres et de langues étrangères de l’Université du Sichuan 四川大学, d’avoir su souligner l’intérêt que présente le projet ITLEO. L’attention que ce projet a suscité fut d’autant plus grande que les communications sur la sinologie française étaient beaucoup moins nombreuses que celles consacrées à la sinologie anglo-saxonne*. Les auditeurs ont été séduits par ce projet qui combine l’établissement des listes de traductions à une approche qualitative portant non seulement sur la nature et la qualité des traductions, mais donnant également toute son importance au traducteur, vecteur indispensable du dialogue des cultures entre elles.

Le grand traducteur Xu Yuanchong 许渊冲 a également donné une conférence pendant laquelle il a, malgré ses 91 ans et une surdité qui ne l’a pas empêché de répondre aux questions des étudiants venus l’écouter en nombre, réussi à communiquer à l’assistance son enthousiasme et sa confiance dans le pouvoir de la culture nationale.

Je ne suis, pour ma part, pas resté insensible à l’intérêt qu’on porte là-bas aux recherches que nous menons ici, le plus souvent dans l’indifférence générale. La seconde raison de satisfaction est l’établissement d’une intéressante collaboration avec deux collègues chinois, le Pr. Qian Linsen 钱林森 et Che Lin 车琳, autour de l’écriture d’un ouvrage traitant de la circulation et l’influence de la littérature chinoise ancienne au XX° siècle en France ( 20 shiji Zhongguo gudian wenxue zia Faguo de chuanbo he yingxiang, 20世纪中国古典文学在法国的传播和影响). Puisse ce premier contact être le début d’une mise en commun suivie des efforts et des résultats. 

----
*Sur les 88 communications, seule une demi-douzaine avait un lien avec le domaine français, telle celle de Li Shiwei 黎诗薇 (Leo2t/IrAsia) sur la réception dans notre pays des grands romans chinois des XVIIe et XVIIIe siècles ou celle de Che Lin sur la prose classique. Voir ici. [NB. Le site auquel conduit ce lien semble rencontrer des difficultés que j'espère momentanées.]